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Jacky au royaume des filles

  • Film
Jacky au royaume des filles
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A priori, 'Jacky au royaume des filles' a tout d'une satire bien ficelée. Tous les ressorts d’une comédie caustique qui avance en sabotant les conventions sur son passage avec pour combustible, un savant mélange de réflexion et de gags à vous faire (un peu) glousser. Critique sociale, politique, religieuse, sexuelle. Posture féministe. Absurdité. Message universel. La mesquinerie, les idéologies totalitaires et le machisme en prennent plein la figure dans ce conte où les femmes règnent sur le monde, vulgaires comme des routiers après une bouteille d’eau-de-vie, violentes comme des soldats en rut, autoritaires et misogynes comme un méchant patriarche sicilien. Dans leur ombre, les hommes, armés seulement de leurs voiles et de leurs jupons, ont à peine le droit de moufter tout en rêvant de participer au bal « du grand couillon », grosse boum officielle à l'occasion de laquelle l'héritière du trône (Charlotte Gainsbourg) élira son tendre époux. Et dans tout ça, le brave Jacky (Vincent Lacoste) a une vie de merde : pas de bol, pas d'argent, pas de jolie robe, pas vraiment de famille. De malchance en mauvaise fortune, il en est même réduit à faire la boniche chez sa tante, son oncle et ses vilains cousins comptant, pour s’en sortir, sur son bon cœur et son petit minois, qui fait des ravages auprès des dames. Bref, le dernier film de Riad Sattouf ressemble drôlement au pendant masculin de Cendrillon, agrémenté d’acné, de branlettes, de travestissements, de révolutions populaires et de djellabas.

Plutôt alléchant à première vue. Mais les bons ingrédients ne font pas toujours une bonne choucroute. Et à trop vouloir cuisiner, soigner, peaufiner son 'Jacky', Sattouf l’a oublié sur le feu : là où 'Les Beaux Gosses' parvenait à reproduire l’atmosphère délicieusement impulsive et crado de ses bandes dessinées ('Retour au collège', 'La vie secrète des jeunes', etc.) en saisissant quelque chose d'infiniment drôle et vrai sur l’adolescence, 'Jacky', beaucoup plus léché, trace son chemin en enchaînant les vannes attendues et des situations burlesques un peu lourdes. La puberté a beau se trouver au cœur de l’intrigue – ici, le côté cruel, masturbatoire, anecdotique et un peu débile de l’âge ingrat ne sent pas tout à fait le vécu. Rares, les quelques moments croustillants sont pris dans le courant de la trame et noyés par une surcharge de détails un peu trop ambitieux. Finalement assez fade, le résultat manque de tranchant : on en sourit sans plus. Alors certes, une fable culottée, dotée d’un bon vieux message de tolérance, ne peut pas faire de mal à notre société par les temps qui courent. Mais cela ne suffira pas à faire de ‘Jacky’ un film mémorable. Quand est-ce qu’on retourne au collège ?

Written by Tania Brimson
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