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Adrienn Pàl

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Adrienn Pal
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Le synopsis pourrait en décourager plus d’un. Une jeune femme obèse, infirmière au service de soins palliatifs d’un hôpital hongrois, se met en tête de retrouver son amie d’enfance, une certaine Adrienn Pál. On est loin du glamour hollywoodien qui fait rimer bronzage californien, taille 34 et histoires d’amour passionnel. Et heureusement d’ailleurs. Un peu de saveur, même acide, c’est toujours bon à prendre. Nous voilà donc devant Piroska, la trentaine triste. Un quotidien rythmé par les oscilloscopes de patients, des crises de boulimies nocturnes et les obsessions d’un mari insensible.

Voilà pour le décor, en substance, le second film d’Ágnes Kocsis rivalise de sensibilité et de complexité. D’abord avec sa caméra, qu’elle immisce partout et tout le temps comme pour rendre au cinéma sa puissance documentaire. La nuit quand Piroska insomniaque s’empiffre de fromage, sur le trône quand elle tente de déchiffrer ses photos ou encore dans l’ascenseur un cadavre à la main. Rien ne sera épargné, c’est vrai. Les gâteaux à la crème pendant les heures de surveillance, les couches qu’il faut changer, l’érosion du sentiment amoureux. Mais c’est justement cette hyper-réalité anti-manichéenne, ces silences prolongés, ces plans de couloirs évidés, cette esthétique clinique qui font l’excellence de ce long-métrage. Visuelle et intelligente, l’œuvre d’Ágnes Kocsis ne joue pas tant sur l’action que sur une sagace psychologie des personnages. Le 7ème art naît là, dans une narration qui ne souffre pas d’artifice et se suffit à elle-même, si puissante qu’elle ne s’embarrasse pas de Deus ex machina factice. Au final, ce n’est pas tant cette Adrienn Pál qui attire notre attention de spectateur que la subjectivité des souvenirs. Magistralement interprété par la jeune Eva Gábor, le personnage de Piroska est de loin l’un des plus sensibles portraits de femme jamais filmé jusqu’ici. Il serait dommage de passer à côté, n’est-ce-pas ?

Écrit par Elsa Pereira
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