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Antiviral

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Antiviral
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Time Out dit

Non, ‘Antiviral’ n’est pas un documentaire sur le scandale du Tamiflu (vous vous souvenez, la grippe du poulet, tout ça ?), mais le premier long métrage de Brandon Cronenberg – qui est effectivement bien le fils de qui vous savez… D’ailleurs, au cas où un doute persisterait, le réalisateur et scénariste, né en 1985, n’hésite pas, sur le plan à la fois thématique et stylistique, à faire amplement référence à papounet-la-mouche (là, on se dit que ça doit quand même être marrant, un dîner chez les Cronenberg). Voyez vous-même : dans un futur proche, les fans en tout genre – ceux qui passent leurs journées à liker des images retouchées sous Photoshop – ont désormais le loisir de se faire injecter les maladies de leurs idoles. La grippe de Scarlett Johansson, l’herpès de Rihanna, la gonorrhée de Justin Bieber, comme si vous y étiez ! Sur ce marché juteux, deux entreprises se livrent une guerre acharnée, sans compter le marché noir…

A la fois jeune laborantin et démonstrateur de maladies – vu que le monde entier est devenu commercial, pourquoi pas les scientifiques aussi ? –, Syb March (un étonnant Caleb Landry Jones) s’injecte en douce des paquets de virus, qu’il refourgue ensuite à des dealers, histoire d’arrondir ses fins de mois. Comme on s’en doute, sa petite entreprise ne connaît pas la crise, jusqu’au jour où une maladie mutante prend possession de son corps… Technologie déviante, corps expérimentaux, mécanophilie et organismes chelous… oui, oui, c’est assurément du Cronenberg. Mais enfin, on ne va pas en vouloir au jeune Brandon : autant reconnaître un héritage lorsqu’il est aussi riche (créativement parlant) que celui de son père.

D’ailleurs, au fur et à mesure que se dévoile la première moitié de son long métrage, on est plutôt surpris par la rigueur et l’ironie de son scénario qui, a priori franchement casse-gueule, tient étonnamment bien la route grâce au traitement graphique qui lui est réservé. Jeux de symétries et d’espaces, ambiance clinique, lents travellings inquiétants : sans remporter une adhésion complète, le début d’‘Antiviral’ force la curiosité et parvient à imposer son atmosphère bizarre et sarcastique. Seulement, sur la longueur, le film manque de souffle, finissant par basculer dans un surplace un peu complaisant où la cohérence initiale cède le pas à une esthétisation plutôt vaine. Vomir du sang pendant des heures sur des murs blancs, à la fin, c’est ennuyeux…

Écrit par Alexandre Prouvèze
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