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Ado nihiliste dans ‘Little Miss Sunshine’ ou pasteur évangélique dans ‘There Will Be Blood’, Paul Dano, d’ailleurs attendu dans le prochain Steve McQueen, nous a habitués à des performances hautement mémorables. Dans ‘For Ellen’, il détonne une nouvelle fois en rockeur paumé au look très étudié, ongles noirs, blouson en cuir et mèche extra grasse.
Fraîchement viré de son propre groupe de rock, l’indolent Joby apprend, au moment de signer ses papiers de divorce, qu’il doit renoncer à la garde de sa fille : c’est à peu près à cela que se résume le scénario de ‘For Ellen’, qui n’aura pas nécessité l’abattage de beaucoup d’arbres.
Pourtant, grâce à une caméra intimiste et des plans-séquences maîtrisés, So Yong Kim parvient à instiller une tendresse et une émotion croissantes, voire même un peu de folie (Paul Dano se trémoussant sur du Whitesnake) dans ce long métrage pudique et minimaliste. Pas très original, il aurait pu être carrément raté sans l’interprétation remarquable de son acteur principal, sur lequel repose à peu près tout le film. Perdu sur les routes austères et enneigées du nord de l’Etat de New York – autrement dit un trou paumé –, Joby erre doucement entre beuveries et instinct paternel, et finit par apprendre qu’il ne suffit pas de se brosser la barbichette pour devenir mature.
Comme beaucoup d’autres films estampillés « Sundance », 'For Ellen' est simple, court, attendrissant et anecdotique. On en ressort donc modérément ému, surtout par les scènes de complicité titubante entre Dano et Shaylena Mandigo, qui joue sa fille – et à laquelle on peut prédire une belle carrière.