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Historias - les histoires qui n'existent que lorsque l'on s'en souvient

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
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Historias - les histoires qui n'existent que lorsque l'on s'en souvient
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Contrairement à ce que son titre pourrait laisser croire, ‘Historias’ n’a pas grand chose de narratif ou de romanesque. Et tant mieux : cette première fiction de la documentariste et photographe Julia Murat offre ainsi au spectateur une ambitieuse expérience de cinéma – non plus fondé sur la mécanique huilée d’un scénario, mais sur la matière filmique elle-même : c’est-à-dire du son, de l’image, du mouvement et, surtout, l’instauration d’une temporalité particulière.

Cyclique, le début du long métrage instaure un rythme qui permet de pénétrer le quotidien répétitif d’un village brésilien bien paumé, occupé par moins d’une vingtaine d’habitants, tous d’un âge assez avancé. Les scènes ont beau tourner en boucle, les cadrages réussissent à éveiller la curiosité du sectateur, tout en jouant intelligemment avec sa patience. Bref, dès les premières minutes, on sent qu’on a affaire à une œuvre sensible, exigeante et prometteuse.

Bientôt surgit Rita (la très jolie Lisa E. Favero), jeune photographe en voyage, qui demande l’hospitalité à Madalena (Sonia Guedes), digne vieillarde qui s’occupe du pain pour ce village, dont Rita va peu à peu découvrir les mœurs. Et une certaine étrangeté : ici, les gens ne semblent plus mourir, et le film navigue alors avec beaucoup de charme entre surnaturel et documentaire.

Avec un sens aigu de la photographie, qui tend à évoquer les nuances de la peinture flamande à travers la lumière du Brésil (ou l’éclairage nocturne d’une bougie, façon Georges de la Tour), ‘Historias’ se vit davantage qu’il ne se raconte. Et malgré sa fin un tantinet prévisible, il constitue une expérience visuelle suggestive, doublée en filigrane d’une réflexion étonnamment poétique autour de la photographie et de la disparition, de l’image et de l’absence. Impressionnant, dans tous les sens du terme.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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