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Pour son premier film, le réalisateur Kaveh Bakhtiari, résidant en Suisse mais né à Téhéran, livre un documentaire fascinant sur des immigrés clandestins ayant fui l’Iran pour trouver refuge en Europe, dans un centre d’Athènes. A travers leur quotidien, leurs discussions ou disputes, Bakhtiari aborde les espoirs et les rêves de ces migrants – sans oublier leurs cauchemars, comme dans cette séquence poignante, où le plus jeune d’entre eux raconte comment, chaque nuit, des flics lui courent aux trousses dans son sommeil. De temps à autre, l’un des pensionnaires trouve un moyen – légal ou non – de gagner une autre destination, et des adieux tendus ont alors lieu entre lui et ses camarades, qui savent qu’ils ne se reverront probablement jamais.
Bref, malgré son principe, ‘L’Escale’ n’a pas le moindre rapport avec une quelconque émission de télé-réalité, et la vie s’écoule sans incident majeur (en tout cas, jusqu’à ce qu’un des migrants, bloqué dans le centre de rétention depuis cinq ans, n’entame une grève de la faim). Le film est plutôt un compte-rendu, compatissant mais louable et objectif, de la monotonie dont souffrent ces immigrés. Cousin de l’un d’entre eux, Bakhtiari se trouve évidemment de leur côté. En même temps, résidant en Suisse, il représente ce à quoi chacun des réfugiés aspire. Leur jalousie à son égard ne peut donc manquer d’être palpable, et peut-être y a-t-il une part de culpabilité dans son projet de les suivre et de vivre à leurs côtés. Il en résulte une histoire humaine, intime, loin de tout constat politique – et plus encore d’un documentaire engagé à la Michael Moore. Et si le film exige du spectateur une certaine patience, sa fin dévastatrice rend clair que pour ses protagonistes, celle-ci est une véritable question de vie ou de mort.