The Two Faces of January

Un seul coup de feu : le coup de feu final, qui clôt le film et met fin à l'intrigue. Voilà qui résume bien toutes les qualités de ce long métrage inspiré d'un roman de la géniale mais toujours retorse Patricia Highsmith. 1962, Athènes. Chester et Colette, un couple de touristes américains fortunés (Viggo Mortensen et Kirsten Dunst) rencontrent un jeune compatriote mi-arnaqueur mi-dragueur qui joue les guides sur place (Oscar Isaac, notamment remarqué dans ‘Inside Llewyn Davis’). Alors, quand Chester est piégé par un détective qui le suivait à la trace et que le voyage dégénère, les voilà tous les trois embarqués dans une course-poursuite échevelée percluse de faux-semblants. Mêlant triangle amoureux et rivalité père/fils entre le vieux riche et le jeune loup, les pérégrinations de ces Américains en cavale sur les rives de la Méditerranée se teintent d'une aura capiteuse, subtilement incarnée par un trio d'acteurs impeccables.

Certes, ‘The Two Faces of January’ n'invente rien : on pense évidemment au ‘Plein soleil’ de René Clément (déjà une adaptation d'Highsmith), mais aussi au Alfred Hitchcock des fifties, celui de ‘L'homme qui en savait trop’ et de ‘La Mort aux trousses’. Bien calé dans son décor années 1960, magnifié par la lumière chaude de Grèce, de Crète et de Turquie, ‘The Two Faces of January’ pourrait presque devenir agaçant, avec son atmosphère rétro chic et ses couleurs Instagram. Pourtant, de la séduction discrète de Kirsten Dunst à la réalisation tenue et efficace, on ne peut s'empêcher de tomber sous le charme de ce thriller aux rebondissements bien huilés. Si dans le genre, il n'atteint pas le brio de ‘La Taupe’ (2011) qui rejouait à merveille sa partition de film d'espionnage à la mode des années 1970, le film de Hossein Amini a cette élégance désuète qui, en ces jours où le cinéma – et particulièrement le thriller – se complaît souvent dans la violence et la vulgarité, confine à la beauté. Le genre de film enjôleur dans lequel n'éclatera qu'un coup de feu donc, fatal comme un couperet de tragédie grecque.