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Tip Top

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Tip Top
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Time Out dit

Un film aussi dispensable orné d'un tel titre, c'est carrément tendre la verge pour se faire battre ! Ou alors faire preuve d'un second degré à la limite de l'autodestruction. Car 'Tip top' paraît vraiment léger, trop léger. C'est dommage : on attendait pas mal de l'humour en biais de Serge Bozon, et de la rencontre Huppert-Kiberlain-Damiens. Mais le film ne prend définitivement pas, malgré les compositions fantaisistes de son trio d'acteurs : Isabelle Huppert en enquêtrice de la police des polices aux tendances SM (pas très original avec la belle Isa, mais toujours agréable), Sandrine Kiberlain en adjointe voyeuse, et François Damiens en flic borderline et passablement teubé.

A l'évidence, l'idée du film était d'utiliser les codes du polar pour les pirater. Seulement, c'est bien joli de vouloir détourner un avion, encore faut-il qu'il vole… Et là, c'est le calme plat, Bozon se foutant manifestement de l'histoire qu'il fait mine de nous raconter. Au bout d'une demi-heure (et encore), on comprend ainsi que son film ne démarrera jamais, que cette enquête sur une bavure policière n'est qu'un prétexte vide à des numéros d'acteurs en pilotage automatique. Comme paralysé par le potentiel de ses comédiens, 'Tip Top' les laisse en roue libre. Et, comme on peut alors si attendre, ça patine assez vite.

Du coup, le film de Serge Bozon tombe dans le même travers que le récent 'Magic Magic' de Sebastian Silva - pourtant lui aussi interprété par des comédiens convaincants. Les deux films ressemblent en effet assez à des athées qui voudraient se faire passer pour hérétiques, mais sans la moindre once de foi. Pourquoi donc se lancer dans un polar, si l'on y croit pas une seconde et pour le traiter avec une superficialité je-m'en-foutiste ? Bien sûr, le film de genre reste une option, une proposition cinématographique décente, surtout lorsqu'il s'agit de l'ouvrir, de le dynamiter de l'intérieur. Mais pour cela, il faut, au moins dans un premier temps, que le spectateur parvienne à y entrer, à y croire. Or, ce n'est jamais vraiment le cas ici. Bref, un beau coup d’épée dans l'eau...

Écrit par Alexandre Prouvèze
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