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Vie sauvage

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Vie sauvage
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Ne vous fiez pas trop à son affiche – qui évoque étrangement un ‘Mud’ à la française, où Matthew McConaughey aurait été remplacé par Mathieu Kassovitz : ‘Vie sauvage’ est avant tout l’histoire d’une famille française, inspirée d’un authentique fait divers des années 2000, où un père (incarné par Kassovitz, donc) kidnappe ses deux jeunes fils avec leur consentement, mais contre l’avis de la justice qui en laissait la garde à leur mère (Céline Sallette). De squat en cabane, dormant souvent à la belle étoile et fuyant la police, père et fils vont ainsi tenter de vivre en harmonie avec la nature, pour une cavale improvisée de onze années.

D’une singularité assez nette, un tel synopsis pourrait laisser imaginer le meilleur (une dérive contemplative, un panthéisme à la Henry David Thoreau), comme le pire (le surplace thématique, la caricature d’un mode de vie hippie, une pub Herta). Heureusement, le réalisateur Cédric Kahn, révélé au grand public par ‘Roberto Succo’ en 2001, parvient à traiter son sujet avec pudeur et équilibre. La complexité psychologique et affective de ses personnages se voit ainsi exprimée très sobrement, sans hystérie ni larmoiement, mais avec un mélange réussi de justesse et d’efficacité.

Cette force, le film la doit d’abord à ses acteurs, tous remarquables, à commencer par un Mathieu Kassovitz incroyablement touchant de retenue. L’amour de ce père en marge de la société se traduit en effet par des gestes simples mais souvent riches de sens, entre exigence politique vis-à-vis de soi-même, rapport éthique au monde et inscription dans un quotidien de galérien. De même, en très peu de scènes (au début et à la fin du film), Céline Sallette réussit à incarner une mère désespérée, passant de la colère à la stupeur, du désespoir à l’hébétude, sans en faire trop ou agacer par une outrance exagérée. Enfin, les deux garçons, interprétés par quatre jeunes acteurs différents (entre enfance et âge adulte), se révèlent également crédibles et attachants. Honnête et sincère, ‘Vie sauvage’ nous dévoile au bout du compte un fort beau film sur l’amour filial et sur la transmission, sur la puissance des sentiments affranchis des normes sociales et la difficile beauté des utopies concrètes.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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