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Devant 'The We and the I', on se dit que Gondry est vraiment un petit malin : l'air de rien, son nouveau film, huis clos dans un bus scolaire, parvient à mêler audace formelle, veine autobiographique, fiction et documentaire avec humour et légèreté. 'The We and the I' suit ainsi un groupe de lycéens du Bronx, rentrant chez eux après leur dernier jour de cours, entre euphorie des vacances et mélancolie de la séparation. Et ce qui, d'entrée de jeu, paraît assez formidable, c'est que Gondry filme la jeunesse d'aujourd'hui avec beaucoup de sympathie et de justesse : je-m'en-foutisme, séchage de cours, souvenirs de coucheries alcoolisées entre camarades côtoient doutes intimes, situations familiales complexes ou déclarations d'amour maladroites par SMS. C'est bordélique, drôle, cruel, immature ; et parfois profondément affectueux, avec un touchant mélange de timidité et de sincérité brutale. Alors, au fur et à mesure du parcours et de ces portraits se dégage une véritable sensation de proximité avec ces ados. En revanche, comme souvent chez Gondry, on a l'impression que le film reste toujours plus ou moins délibérément en deçà de ses promesses. Et que le réalisateur n'envisage jamais de faire un « grand » film (ce qui serait quand même intéressant, vu qu’il en a manifestement les moyens), mais seulement de proposer un film cool. C'est à la fois sa limite et son charme. En tout cas, vu sous cet angle, il a certainement réussi.