Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche

Saison brésilienne à la Maison européenne de la Photographie

  • Art, Photographie
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Publicité

Time Out dit

4 sur 5 étoiles

La MEP nous convie cet été à un voyage au Brésil avec quatre expositions qui en dévoilent d’étonnants trésors. Un périple fascinant.

Plus grand pays d’Amérique latine, le Brésil est un espace de contrastes dont se sont saisi les photographes pour en révéler toute la richesse. L’artiste Vik Muniz est représenté au travers d’une vingtaine de grands formats de la collection de Géraldine et Lorenz Bäumer. Soit une pièce emblématique de chacune des séries qu’il a produites ces vingt dernières années. Ces photographies de copies d’œuvres iconiques de l’histoire de l’art, réalisées à partir d’éléments hétéroclites, se démarquent des autres présentations. Notamment la sélection d’œuvres du cinéaste et photographe Celso Brandão qui révèle un pan de son travail sur la culture populaire et ses rites, datant des années 1990. Quant à Joaquim Paiva, passionné par la photographie qu’il collectionne puis pratique en parallèle d’une carrière dans la diplomatie, ses clichés en couleur pris depuis les années 1970 dévoilent une autre facette de Brasilia : ses faubourgs habités par les ouvriers qui ont bâti la nouvelle ville. La présence humaine y offre alors un contrepoint sensible à l’architecture puissante, voire écrasante, de la capitale.

Toutefois, c’est l’exposition de Marcel Gautherot qui accroche véritablement notre regard. A fortiori puisqu’elle est la première rétrospective majeure du photographe français en dehors du Brésil où il a œuvré presque toute sa vie. Dès l’entrée, le visiteur se trouve captivé par des images de l’Amazonie que l’artiste découvre lors de son premier passage au Brésil, en 1939. Une série de neuf clichés témoigne d’ailleurs de sa découverte des forêts inondées (‘Igapós’) et des jeux de miroir des arbres dans l’eau. Sont ensuite présentés ses clichés du Mexique que le jeune diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs visite en 1936 pour le musée de l’Homme avec lequel il collabore. Gautherot rencontre alors le photographe Manuel Álvarez Bravo dont le travail du noir et blanc le séduira particulièrement. Une influence sensible, surtout dans le cliché ‘A l’ombre des magueys’ dans lequel deux femmes papotent tandis que le premier plan de l’image est mangé par des magueys (autre nom de l’agave, une plante grasse).
Puis Marcel Gautherot nous emmène dans l’Etat de Bahia. La lecture du roman de Jorge Amado, ‘Bahia de tous-les-saints', éveilla sa curiosité pour le Brésil. Des rives du São Francisco (Salvador) aux scènes de la vie quotidienne, ses clichés d’une beauté plastique saisissante décrivent ainsi le Bahia d’alors, comme le fit Amado.

De même, l’architecture baroque du Minas Gerais trouve un écho particulier en Marcel Gautherot. Avec un regard humaniste, presque anthropologique, il documente les traditions populaires pour la Commission nationale du folklore. Il s’intéresse également aux pêcheurs. Les voiles des bateaux du marché Ver-o-Peso de Belém, véritable motif architectural, structurent ainsi ses images. Preuve que chez Gautherot, la photographie n’est jamais uniquement ethnographique.

Enfin, dès les années 1940, Marcel Gautherot se lie d’amitié avec la génération des architectes qui vont transformer le pays. Leur représentant le plus emblématique est Oscar Niemeyer qui lui demande de suivre ses travaux à Brasilia. Gautherot scrute donc la nouvelle capitale et l’immortalise en de saisissants clichés noir et blanc sublimant les jeux d’ombres et de lumières créés par les nouveaux édifices comme le National Congress Palace. D’une curiosité sans limites pour les richesses ethnographiques et architecturales du Brésil, le photographe français nous lègue 21 000 négatifs noir et blanc dont un ensemble significatif nous est révélé ici. Unique et immanquable.   

Écrit par
Ingrid Perbal

Infos

Site Web de l'événement
www.mep-fr.org/
Adresse
Prix
Plein tarif : 8 € / Tarif réduit : 4,50 €
Publicité
Vous aimerez aussi
Vous aimerez aussi