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Filmé en deux semaines, sans scénario, et fondé sur l’improvisation libre comme méthode de tournage, ‘2/Duo’, premier film du cinéaste japonais Nobuhiro Suwa (réalisé en 1997, mais jusqu’alors resté inédit en France), est un beau pari. Face à face, un jeune homme et une jeune femme de Tokyo (Nishijima Hidetoshi et Yu Eri) qui s’aiment, se désirent, se retrouvent, se déchirent. Dit comme ça, ça n’a l’air de rien ; sauf que la stratégie ouverte, libérée, adoptée par Suwa lui permet de capter des moments de suspension, de tension, d’hésitation, parfois de grâce, qui apparaissent autant comme ceux des comédiens que de leurs personnages. D’où le réalisme convaincant, et parfois saisissant de son film, de ses dialogues qui tâtonnent et de ces corps qui se cherchent, ne sachant s’il faut rester ou partir, s’ouvrir une bière ou bien pleurer en silence. Assez paradoxalement, ‘2/Duo’ parvient à trouver son équilibre en traduisant l’instabilité des relations amoureuses, capables de basculer en un tropisme, un geste malheureux, un mot de trop… Incertain, ne tenant qu’à un fil, le récit de Suwa réussit ainsi, par son dispositif, à incarner dans sa forme même ce qui constitue son propos. Au final, c’est fort, avec parfois un délicieux arrière-goût de Nouvelle Vague (on pense à la fugacité des sentiments chez Rohmer, ou aux faux raccords délibérés de Godard), aromatisée au saké. A la fois humble, flottant et profond.