[title]
Apparemment, il pourrait y avoir quelque chose de très subtil dans (ou plutôt sous) le triangle amoureux du dernier film de Benoît Jacquot. Une nuit, Benoît Poelvoorde drague Charlotte Gainsbourg (on le comprend). Coup de foudre. Ils promettent in extremis de se revoir, mais se loupent. Plus tard, Poelvoorde croise Chiara Mastroianni. Il en tombe bientôt amoureux (on le comprend). Ils se marient, font un enfant. Une vie pépère. Jusqu'au jour où la sœur de Mastroianni, émigrée aux Etats-Unis avec son mec, revient en France. Et devinez de qui il s'agit ? Oui, dans le mille : Charlotte Gainsbourg.
Dit comme ça, le synopsis pourrait sembler un peu gros. Mais il se trouve plutôt bien amené, en fait, par une progression narrative à la temporalité distendue. On s'attend alors à un beau théorème sensuel sur les amours impossibles, sur les occasions manquées, sur la fugacité et la résurrection des désirs. Bref, on serait à deux doigts de chanter 'Les Mots bleus' de Christophe. Sauf que de cette belle tension émotionnelle, Benoît Jacquot ne tire finalement pas grand-chose, ses personnages finissant par patauger dans la culpabilité vague d'un banal drame bourgeois, où les non-dits s'accumulent sans jamais se voir mis au jour.
Sur un thème similaire (celui de l'amour d'un homme écartelé entre deux sœurs), 'Les Deux Anglaises et le Continent' de Truffaut réussissait à aller nettement plus loin, avec une mélancolie sourde et une légèreté qui rendait son film d'autant plus émouvant. Malheureusement, en dépit des jolies performances de ses acteurs principaux et de la bienveillante présence de Catherine Deneuve, ces 'Trois cœurs' paraissent, au bout du compte, bien trop serrés pour ne pas finir exsangues.