[title]
L’année dernière, ‘Happiness Therapy’ nous avait déjà fait le coup du film juste-bien-mais-pas-exceptionnel qui réussit à gagner un paquet d’Oscars, en grande partie grâce à sa surmédiatisation, et en partie parce que son actrice principale (Jennifer Lawrence) est devenue, malgré elle, une sorte de figure divine, adulée par le monde entier pour sa tendance à faire des déclarations aussi radicales que « j’aime les frites ».
Cette année, ‘American Bluff’ fait encore plus fort : dix nominations aux Oscars pour un film qui, cette fois-ci, n’est même pas « juste bien ». On y suit un couple d’escrocs des années 70 qui, forcés par un flic ambitieux, mettent au point une arnaque visant à confondre un homme politique. Ne me demandez pas trop de détails sur le bluff en question, plus confus que bluffant, passant plutôt par de pénibles et incompréhensibles rebondissements pour arriver à un twist final décevant et prévisible. On s’ennuie moins pendant les vingt dernières minutes, mais c’est une bien maigre consolation face à la gratuité et la lourdeur du reste.
Si le film déçoit autant, c’est précisément parce qu’il dispose d’un potentiel énorme et qu'il en fait absolument n’importe quoi. La scène d'ouverture, où Christian Bale colle avec délicatesse une touffe de poils hideuse sur le haut de son crâne dégarni, est certes désopilante. La bande-son, les costumes et le maquillage – qui eux, curieusement, n’ont pas obtenu de nomination aux Oscars – sont incroyables. Et Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Amy Adams et Christian Bale sont tous des acteurs exceptionnels. Mais les personnages qu’ils incarnent dans le film de David O.Russell sont tellement mal écrits, caricaturaux et sans substance qu’il est impossible au casting de démontrer l’étendue de son talent. Christian Bale et Louis CK, cela dit, sont par moments assez drôles, et paraissent les seuls à tirer leur épingle du jeu. Bref, ‘American Bluff’ est un film qui porte bien son nom, mal écrit, mal dirigé et mal monté. Et il va sans doute gagner plein d’Oscars.