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Après le réjouissant ‘Avengers’, le décevant ‘Prometheus’ et un reboot un peu frileux de ‘Spider-Man’, voici donc le très attendu ‘Batman : The Dark Night Rises’, qui vient enfin répondre à trois fébriles questions : Christopher Nolan aura-t-il réussi à conclure en beauté sa trilogie ? Aura-t-il enfin réalisé le film de super-héros ultime – conjuguant action, émotion, intrigue et style ? Et enfin : son film est-il d’une puissance visuelle comparable à son ‘The Dark Knight’ de 2008 (qui, disons-le, constitue désormais la référence du genre) ? A ces questions, les réponses sont : oui, non et plutôt.
Comme le suggère sa durée (près de trois heures), ‘The Dark Knight Rises’ est une épopée tentaculaire, bourrée de personnages secondaires, de diversions et d’intrigues parallèles. Aussi, pour peu qu’on préfère l’action grandiloquente à la psychologie, et les icônes mythiques aux êtres réels, on devrait être allègrement servi. Toutefois, rien ici de comparable à l’intensité du Joker interprété par Heath Ledger, dans le deuxième volet de la trilogie, dont ‘TDKR’ reste, du coup, immanquablement en-deçà. Mais comme dirait l’autre : « the show must go on ».
Revoici donc Bruce Wayne (Christian Bale), ayant ici délaissé le costume de Batman et vivant reclus dans son manoir familial, tandis que le commissaire Gordon (Gary Oldman) fait régner l’ordre dans un Gotham City plus ou moins débarrassé de sa criminalité. Mais lorsque le super-vilain Bane (Tom Hardy) se met en tête de lancer une révolution du crime, Bruce doit à nouveau enfiler la cape et le masque de la célèbre chauve-souris…
En encore : ce n’est là que le thème central autour duquel gravitent, entre autres, une Anne Hathaway en combinaison de Catwoman, Joseph Gordon-Levitt en flic pas commode, et des tonnes de manigances entre actionnaires de Wayne Enterprises. Comme dans les précédents films, Nolan et son coscénariste, son frère Jonathan, relèvent leur trame super-héroïque de problématiques réelles. Sauf qu’avec sa menace anarchiste d’Occupy Gotham, ses milliardaires philanthropes et ses flics héroïques (alors qu’ils violent la loi en permanence), le discours politique paraît tellement à droite qu’on le croirait directement inspiré d’un JT de Fox News.
Heureusement, lorsque la chauve-souris prend son envol, ces considérations tombent vite aux oubliettes. Sublimant ses images de synthèse par des foules de figurants et des paysages urbains massifs, Nolan parvient à créer un univers grandiose et crasseux, où les séquences d’action sont à couper le souffle. La façon dont le film noue les différentes intrigues qui le composent a beau être vaguement prévisible, sa construction narrative n’en reste pas moins satisfaisante. Et en voyant notre héros s’élancer vers le soleil couchant, on réalise avec une certaine émotion qu’on se retrouve au terme d’une œuvre impressionnante : une aventure cinématographique étendue sur sept années, ayant réussi à combiner l’épique et l’intime de manière inventive, parfois étrange, souvent captivante, et toujours imaginative.
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