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Foxfire, confessions d'un gang de filles

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Foxfire : confessions d'un gang de filles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Tout commence par des éclats de rire. Une bande de blousons noirs hilares collent un serpent sur la joue d’une fille allongée et terrifiée, avant de la violer dans une grange, dans l’indifférence et le mépris. Bienvenue dans l’Amérique profonde des années 1950, zone de non-droit pour les femmes ! Humiliées par leurs profs, insultées par leurs camarades de classe, tripotées par des oncles vicieux, elles sont sujettes au bon-vouloir d’une société qui leur impose le silence. Un contrat social tordu que Legs Sadovsky (Raven Adamson) va rompre en créant son gang « féministe » : Foxfire. Cinq filles bien résolues à punir tous les hommes arrogants et concupiscents qu’elles croiseront. Une sorte de Femen pudique, en somme. Passages à tabac, menaces à l’arme blanche, vol de voiture et petites arnaques : Foxfire entend semer la terreur et se faire justice… « Foxfire burns and burns. » On a d’abord du mal à croire qu’il s’agit bien de Laurent Cantet à la réalisation. Que celui qui signa ‘Ressources humaines’ en 1999 se retrouve, en 2012, à faire du Sundance pour une adaptation cinématographique séduisante du roman de Joyce Carol Oates, avec de belles comédiennes et des décors d’une autre époque. Drôle d’évolution stylistique, mais pourquoi pas après tout ? Une fois le trouble passé, on se laisse doucement prendre par l’intrigue, l’histoire de ce gang de filles, de sa naissance à son implosion, ses rites, ses rixes et ses adolescentes fiévreuses. L’une des principales qualités du film réside ainsi dans son casting de comédiennes, menées tambour battant par l’électrique Raven Adamson et la mystérieuse Katie Coseni. Une bande de copines crédibles et attachantes dont le réalisateur parvient à montrer les paradoxes sans en faire des caisses. Le challenge était pourtant de taille : filmer des ados sans en faire un teen movie asthénique, bon courage. Mais contrairement à la précédente adaptation de cette histoire vraie, en 1996 et en mode ‘Hartley, cœurs à vif’ – dans laquelle Angelina Jolie interprétait le personnage de Legs, tiens donc ! –, celle de Laurent Cantet ne se focalise pas uniquement sur la tranche d’âge qu’elle met en scène, et ne tente pas non plus de disséquer, d’expliciter ou d’excuser quelque comportement. Cette version franco-canadienne de ‘Foxfire’ préfère se contenter de raconter une histoire, de l’incarner au plus près sans chercher à imposer un message au spectateur, en le laissant libre de son regard. Parfois même au détriment d’un certain recul.

Écrit par Elsa Pereira
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