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In the Land of the Head Hunters

  • Cinéma
  • 5 sur 5 étoiles
  • Recommandé
In the land of the head hunters
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Huit ans avant ‘Nanouk l’esquimau’ de Flaherty – qui reste sans doute la référence du genre – ‘In the Land of the Head Hunters’ d’Edward S. Curtis s’organisait déjà en fiction basée sur des enregistrements ethnologiques. L’intérêt du film, aujourd’hui, est donc double. D’une part, s’y développe un puissant récit d’aventure mythique, prompt à renvoyer Indiana Jones ou Machete à Disneyland, où se croisent un sorcier rancunier, de terrifiants démons, un voyage initiatique entre spiritualité et spiritisme, des chefs de clans sanguinaires et pas mal d’histoires de têtes coupées… D’autre part, il y a évidemment et surtout ses images du Nord du Pacifique et de l’Amérique tribale de l’époque, aux scènes d’une immense beauté brute et surréaliste.

Déferlements océaniques d’otaries en meutes, crânes et ossements humains, symbolisme et magie, talismans, incantations, parades, transes, masques et parures, splendides costumes chamaniques, de loup ou d’oiseau : la pellicule de Curtis conserve, à un siècle de distance, des images incroyables, incantatoires, où les rites et coutumes du peuple Kakwaka’wakw, ces Indiens de l’île de Vancouver adeptes du potlatch, constituent un document inédit, qui rappelle parfois par anticipation ‘Les Maîtres fous’ de Jean Rouch, augmenté de la puissance primitive et onirique du cinéma muet. Restauré cette année en intégralité et mis en musique (boîtes à rythmes, guitares, voix) par le prolifique Rodolphe Burger, ‘In the Land of the Head Hunters’ mérite donc largement plus qu'un simple coup d’œil pour l'exotisme. C'est un monument hanté.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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