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Le Tout Nouveau Testament

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Le Tout Nouveau Testament
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

On le sait depuis longtemps : Dieu est un sadique. Un illuminé qui se réjouit de notre malheur, dont la seule loi est celle de l’emmerdement maximum, de la tartine qui tombe du côté de la confiture au téléphone qui sonne quand on entre dans son bain, en passant par la file d’à côté qui avance toujours plus vite que la nôtre. Pire : il est Belge ! Il vit à Bruxelles, boit de la bière en robe de chambre, regarde du catch à la télé, déteste le base-ball et est passablement odieux avec sa femme (Yolande Moreau). Dieu, c’est tout ça. Enfin, pour Jaco Van Dormael.

Présenté au dernier festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs, ‘Le Tout Nouveau Testament’ raconte une bien belle mésaventure pour notre père à tous, ici représenté sous les traits du grand Benoît Poelvoorde. Sa fille Ea, qui ne supporte plus sa méchanceté, va le désavouer et décider de réécrire le plus célèbre livre de l’Histoire en s’entourant de nouveaux apôtres qu’elle ira chercher elle-même, conseillée par son frère J.-C. Enfin, par sa statue, car il est mort. Vous me suivez ? Et pour retourner la loi de l’emmerdement maximum contre son père, elle pirate son ordinateur et envoie les dates de décès à tous les habitants de la Terre. Un terrible désaveu pour le Seigneur : comment contrôler l’humanité si elle sait quand son existence s’achèvera ? Furieux, il franchit la frontière séparant son monde du nôtre. Il faut vite qu’il retrouve sa fille, qui sait ce qu’elle est capable de faire ? Donner du bonheur aux gens ?

Alors non, le film n’est pas qu’une succession de gags absurdes, contrairement à ce que peut laisser croire sa bande annonce. Quand bien même, ils sont souvent très réussis et jubilatoires : l’intemporelle Catherine Deneuve se prend d’affection (et bien plus) pour un gorille, François Damiens se mue en amoureux transi d’une jolie manchote alors qu’il est un assassin, Yolande Moreau passe l’aspirateur sur du Dalida... En réalité, plus on avance dans le film, plus on est frappé par la poésie distillée par Van Dormael dans ce conte blasphématoire à travers ces nouveaux disciples, personnages paumés qui voient désormais le bout de leur tunnel. On frôle (parfois) la niaiserie, on flirte (beaucoup) avec la guimauve, mais on ne peut s’empêcher de sourire en voyant cet homme de 60 ans vivre enfin son rêve de globe-trotteur suivant les oiseaux au gré des vents ; ce clochard devenir scribe et retranscrire les nouveaux évangiles dictés par Ea, ou encore cet abominable Dieu qui ne parvient pas à rattraper sa fille, et qui revit enfin au contact des humains.

‘Le Tout Nouveau Testament’ embrasse un nouveau genre de feel-good movie, en se parant d’une couverture surréaliste qui laisse place à un torrent de poésie une fois qu’on l’enlève, sur fond de réflexion philosophique sur ce que nous faisons de nos vies en attendant la mort. Si quelques travers n’en font pas un chef-d’œuvre et rebuteront les « anti-fleur bleue », l’ensemble est suffisamment dantesque pour passer presque deux agréables heures, entre fous rires et émotions. Et puis, Benoît Poelvoorde est un génie. Définitivement.

Écrit par Matthieu Petit
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