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Métabolisme (ou quand le soir tombe sur Bucarest)

  • Cinéma
  • 5 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Métabolisme (ou Quand le soir tombe sur Bucarest) - Corneliu Porumboiu
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Ce n’est plus un secret : depuis le milieu des années 2000, le cinéma roumain a clairement su émerger comme l’un des plus intéressants et vivants d’Europe, grâce à des réalisateurs comme Cristi Puiu (‘La Mort de Dante Lazarescu’), Cristian Mungiu (‘4 mois, 3 semaines, 2 jours’, ‘Au-delà des collines’), et surtout Corneliu Porumboiu, pour lequel on a vraiment un petit faible depuis son précédent film, le minimaliste et malin ‘Policier : adjectif’ (2009).

Pour ce nouveau long métrage tout en plans-séquences (sa marque de fabrique), Porumboiu nous narre le quotidien d’un réalisateur qui pourrait être son double, à la manière de Truffaut dans ‘La Nuit américaine’ ou de Fellini avec ‘Huit et demi’… Sauf qu’au fur et à mesure que le film avance, une ironie aussi discrète que mordante s’installe entre le cinéaste et son alter ego (interprété par Bogdan Dumitrache, récemment vu dans ‘Mère et fils’ de Calin Peter Netzer), loser vaguement donneur de leçon, qui paraît surtout chercher à faire tourner une scène de nu à son actrice principale afin de pouvoir la mater à poil…

Lâche, paresseux, maniaque, souvent antipathique, rongé par ce qui ressemble à un ulcère, l’anti-héros de ‘Métabolisme’ fait assez vite basculer le film dans le registre « méta ». Cela permet à Porumboiu de jouer sur les écarts entre les affirmations péremptoires de son personnage et sur sa propre réalisation, parvenant in fine à établir un dialogue assez passionnant entre les théories du cinéma énoncées et leur mise en abyme, culminant dans la coloscopie à la fois dégueu et hilarante de ce personnage dissertant à l’envi sur l’esthétique de ses plans. Une œuvre pince-sans-rire, habilement réflexive, intelligente et décalée, qui ressemble fort à une belle leçon de cinéma.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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