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Tristesse club

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Tristesse Club
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Porsche rouge, fratrie morcelée et carrière brisée. Non, Vincent Mariette n’a pas décidé de porter au cinéma les 357 épisodes de l’aussi longue que célèbre série 'Dallas' – quoi que le pari de faire de son acteur fétiche, Vincent Macaigne, un Bobby Ewing romantique ne manquerait ni de charme ni d’humour. A travers la recherche d’un père disparu, ‘Tristesse Club’, premier long-métrage du réalisateur, suit le jeu de piste sinistre auquel s’adonnent trois âmes en peine, à la manière du ‘Darjeeling Limited’ de Wes Anderson, que l’on aurait croisé avec la fuite en avant des trios homme-homme-femme chez Bertrand Blier.

De ces deux réalisateurs, Mariette a su parfaitement récupérer la fibre comico-tragique. Comment ne pas s’attendrir devant l’affable créateur d’un site de rencontres incapable de draguer, ou le fétichisme d'un ancien sportif dont ne subsiste que des bribes de gloire, à l'image de cette voiture dont il ne peut même plus remplir le réservoir ? Chaque personnage est emprunt d’un pathétique utile, qui permet de faire rapidement basculer l’ambiance du film de l’absurde au mélancolique. L’humour acerbe et absurde des personnages, interprétés par Laurent Laffite, Macaigne et Ludivine Sagnier, n’y est pas non plus tout à fait étranger.

Sur le plan formel aussi, Anderson et Blier se retrouvent largement cités. Du jeu autour des lettres directement repris du réalisateur texan à l’impression d’abandon que l’on retrouve dans ‘Buffet Froid’ ou ‘Les Valseuses’ (en passant par les rapports triangulaires entre Blanc, Miou-Miou et Depardieu dans ‘Tenue de Soirée’), les influences n’hésitent pas à se montrer un peu bavardes. Un temps subtilement inspirés (comme ce fut le cas du court métrage de Mariette, ‘Le Meilleur ami de l’homme’), les jeunes cinéastes français ont semble-t-il récemment décidé de se jeter sans retenue dans le filon de l’esthétique andersienne, quitte à y laisser un peu de leur propre créativité. En Jason Schwartzman, les rôles de Macaigne scellent cette avant-garde (Peretjatko, Brac, Betbeder) à quelques exceptions près (Viel)

La symbiose entre l'acteur américain et Blier ne pourrait cependant pas se réaliser pleinement sans la photo impeccable du film et de petites touches amusantes comme l’apparition de la gueule cassée du moment Philippe Rebbot. Vincent Macaigne, quant à lui, continue de jouer les mélancoliques maladroits au risque de s’enfermer dans un rôle à la Michel Blanc. On attend donc avec impatience qu’il nous livre son ‘Grosse Fatigue’ à lui.

Écrit par Yves Czerczuk
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