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Tu seras un homme

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
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Tu seras un homme
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Interroger l’enfance pour élucider les tourments des adultes : voilà ce vers quoi Benoît Cohen nous emmène avec beaucoup de justesse, à travers la jeunesse trébuchée de Léo, du haut de ses 10 ans. Léo subit les angoisses destructrices de ses parents et y fait face avec distance et force. Jugeant la poésie plus douce, il s’y enferme. Quand Théo est engagé comme baby-sitter pour s’occuper de lui comme d’un handicapé, il se confronte à son silence. Mais Théo est lui-même un enfant meurtri, qui lutte contre la violence rationnelle des adultes. Ils vont tous les deux souffler sur le voile de mensonges et de culpabilité qui étouffe les grands et masque leur tendresse.

‘Tu seras un homme’, c’est l’histoire d’une page vierge sur laquelle on projette ses tourments, qu’on salit et qu’on froisse, parce qu’on est soi-même abîmé. Une page blanche évoquant la pureté universelle de l’enfance. Le film élucide ainsi, avec des mots simples, la confrontation de l’âge tendre avec la brutalité de l’expérience, tout l’enjeu étant de grandir sans renier son enfance. L’éducation, essentielle à ce passage à l’âge adulte, est ici sévèrement montrée du doigt comme la cause d’une mélancolie précoce. Benoît Cohen traite ainsi de l’enfant comme d’un « être en danger, à qui les parents doivent transmettre les armes pour faire face à la dureté de la vie ».

Les parents, un duo parfait de désespoir et de froideur, interprètent brillamment la communication malhabile de ceux qui ont refoulé depuis longtemps leur sensibilité. L’enfant, Aurelio Cohen, joue sans forcer le trait l’être sensible, timide et intelligent qui fait offense aux adultes. Son ami, interprété par Jules Sagot, montre avec évidence que rester bloqué dans l’enfance peut être marginalisant et magnifique à la fois. Son personnage, Théo, est la réponse à la question du film : il est l’alliance exceptionnelle entre un esprit aguerri et un cœur candide.

Écrit par Laetitia Guillaume
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