Recevez Time Out dans votre boite mail

Un Français

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Un Français - Diastème
Publicité

Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Avant même sa sortie, nombre de journalistes débattaient déjà sur ce film en raison de son sujet : les skinheads. Deuxième long métrage de Diastème, ‘Un Français’, qui suit Marco (Alban Lenoir, dans une prestation parfaite) de 1985 à 2013, frappe fort. Le réalisateur voulait en effet quelque chose de plus « organique qu'intellectuel », où la psychologie aurait toute sa place, d'où une violence sans retenue et un réalisme débordant. Originellement pensée comme un roman sur le développement de la haine en France, l’histoire s’est vite orientée vers le support cinématographique, plus adapté à la narration.

Marco vit chez ses parents et est engagé dans un groupe de « Nazi-Klan ». Sa bande et lui tabassent Arabes, homosexuels, Noirs et autres groupes minoritaires qui passent sur leur chemin. Diastème souhaitait une brutalité éprouvante et n’hésite pas à montrer du sang et du sexe. Le spectateur suit un personnage en quête de repères évoluant au fil de ses rencontres, qui avec la maturité prend peu à peu conscience de ses actes. Le dilemme n’est alors plus intérieur mais apparent. Peut-on suffisamment faire la part des choses et côtoyer des individus ayant des idées extrémistes ?

Contrairement à la situation médiatique actuelle, le film ne cherche ni à effrayer ni à condamner. L’histoire de la France, des trente dernières années, est retracée à travers ce spectacle d’1h38. La comparaison avec 'American History X' de Tony Kaye paraît, a priori, bien trop évidente pour être soutenue une fois sorti de la séance. Le synopsis est certes similaire, l’histoire d’un skinhead et de sa rédemption, pourtant la ressemblance s’arrête là. ‘Un Français’ n’use que des ellipses nécessaires et fonctionne en plans-séquences, une immersion totale en somme. Diastème confie avoir filmé à l’envers afin d’obtenir plus de véracité. Ainsi, Alban Lenoir a pris une vingtaine de kilos, dans le but de se vieillir, pour les reperdre un mois plus tard.

La mise en scène correspond à l’évolution du personnage principal, dynamique au début pour s’apaiser vers la fin. Sans conteste, ce film fera parler de lui. Espérons que ce sera pour la beauté de la réalisation et non pour une énième polémique. 'Un Français' devait être projeté dans plus de cent salles, il ne passe plus que dans cinquante cinémas. Profitez donc vite des prochaines séances pour voir cette fresque aussi lucide que déchirante. 

Écrit par Justine Reix
Publicité
Vous aimerez aussi