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Une histoire américaine

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
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Une Histoire américaine
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Une cruelle antithèse du rêve américain : voici en quelques mots l’histoire de Vincent (Vincent Macaigne), Français débarqué à New York pour reconquérir le cœur de son ex, Barbara (Kate Moran), désormais en couple avec un beau et riche médecin du coin (Murray Bartlett). D’abord drôle et attachant, Vincent se heurte bientôt à un mur d’incompréhension qui ne fait que redoubler son entêtement. Zonant dans les bars ou les galeries d’art new-yorkaises, le film le suit traînant sa mélancolie amoureuse et monomaniaque, jusqu’à sa rencontre avec Sofie (Sofie Rimestad), qui tentera de lui redonner le sourire.

Bricolé en quelques jours avec un budget dérisoire et porté à bout de bras par un Vincent Macaigne omniprésent à l’image et coscénariste du film, ‘Une histoire américaine’ fait preuve d’une fraîcheur assez immédiate, qui tient largement à ses marges d’improvisation à travers les rues, les rames de métro ou les bars de nuit de New York. Surtout, son minimalisme réussit à retranscrire avec justesse le désespoir sentimental de son antihéros, allant jusqu’à un violent désir de déchéance, de souffrance, d’humiliation de lui-même.

Aussi le caractère parfois inégal du film n’en constitue-t-il pas vraiment un bémol, correspondant finalement à la langueur aigre et la dépression larvée de son personnage principal. Malgré quelques passages indéniablement cocasses, ‘Une histoire américaine’ se révèle ainsi, au fur et à mesure, comme le récit d’une perte délibérée de soi-même, d’une espèce de suicide social par frustration amoureuse. La seconde moitié du film, où le bavardage charmeur et collant de Vincent laisse place à un mutisme désabusé, a des airs de gueule de bois médusée, abasourdie par la douleur et perdue au sein de la ville immense. Sans être révolutionnaire, le film d’Armel Hostiou réussit alors, à travers son approche très « Nouvelle Vague », à retranscrire avec une certaine délicatesse la lente et inéluctable dérive d’un amoureux déçu vers l’absolue négation de lui-même. Tout en réservant au spectateur quelques rires salutaires, qui achèvent d'en faire un long métrage tout à fait attendrissant.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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