Captive

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Captive
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2009 pour son film ‘Kinatay’, le réalisateur philippin Brillante Mendoza confirme ici combien il sait rythmer un récit avec puissance et efficacité. La séquence de prise d’otages qui ouvre son nouveau film, ‘Captive’, pourrait même constituer à elle seule un modèle du genre, alternant plans serrés et larges, frénésie et suspension du montage, pour mieux mettre en parallèle et en opposition les situations respectives des agresseurs et de leurs victimes. En un mot, parfois tendue vers le documentaire, la réalisation de Mendoza s’affirme indéniablement brillante (en tout cas, nettement plus que ce jeu de mots moisi qu’il fallait quand même bien caser quelque part, non ?).

Le plus impressionnant, c’est que ‘Captive’ avait a priori tout, étant donné son synopsis, pour finir en film d’action binaire et manichéen ; ce que Mendoza évite avec finesse, plongeant le spectateur dans la moiteur des jungles sud-asiatiques sans prendre véritablement parti pour un camp ou pour l’autre : au final, bien que d’horizons opposés, otages et ravisseurs se retrouvent dans un même chaos physique et émotionnel.

Pourtant, étonnamment, on perçoit comme un bémol, une étrangeté involontaire, au niveau des interprètes ; enfin, disons plutôt de l’interprète, Isabelle Huppert, qui éclipse rapidement tous les autres personnages du film, pour un one-woman show grandiose, mais dont le rendu paraît parfois trop systématique. Au final, c’est un peu le problème – tout à fait classique, d’ailleurs – des « monstres sacrés » qui se pose alors : à partir du moment où un comédien charrie avec lui tout un ensemble de rôles qui lui collent à la peau, sa transparence, nécessaire à l’émergence du personnage qu’il interprète, se trouve nécessairement mise à mal. Ainsi, l’omniprésence d’Isabelle Huppert dans ce long métrage finit, assez paradoxalement, par en rompre l’équilibre. D’où un sentiment mitigé devant ce film, qui témoigne d’une réalisation et d’une performance d’actrice impeccables, mais qui, en même temps, a parfois tendance à laisser le spectateur à la surface.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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