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Chain And The Gang • 'In Cool Blood'

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
chain and the gang
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Vous trouvez que le rock actuel sonne comme du hip-hop commercial ? Et vous avez raison. La faute à qui ? Des producteurs peu scrupuleux, probablement passés de l’agro-alimentaire à l’enregistrement, utilisant tous les mêmes logiciels et machines. Des artistes sans inspiration, qui n’ont pas compris qu’un disque s’apprécie d’abord à travers un son décent ou original, et pas seulement grâce à des compos réussies. Noyés dans cette masse plastique sans saveur, quelques groupes avec du caractère réussissent à se tailler une place. Plus âpres, plus difficiles d’accès sans doute, mais certainement plus intéressants. Chain And The Gang est de ceux-là, rock jusqu’au bout des ongles, fleurant la transpi et l’Amérique profonde des losers magnifiques, ceux qui ne se laissent pas dompter par la première major venue. Et pour cause, voilà vingt-cinq ans que Ian Svenonius agite la scène musicale de Washington DC, moins révolutionnaire qu’à l’époque de son groupe punk Nation Of Ulysses (et son fameux ‘13-Point Program To Destroy America’) mais tout aussi critique sur le monde qui l’entoure. Avec Chain And The Gang, Svenonius plonge dans la tradition la plus soul et blues du rock, qu’il agrémente d’un discours pour le moins subversif sur la politique, les médias et la société (« I don’t believe in free will, I don’t believe in free press, I think it’s a mess », peut-on entendre sur "Free Will"). Un message rafraîchissant, rappelant que le rock n’a pas que des banalités à dire. Côté musique, on garde sur 'In Cool Blood' la même recette que pour les précédents : une basse bien en avant, deux voix déchaînées (Svenonius et Katie Alice Greer), une batterie à la pompe et une guitare pas bavarde, d’une efficacité diabolique. Ce qui pourrait passer pour un projet réactionnaire à souhait (rappelez-vous, les Black Keys et autres White Stripes sont déjà passés par là) donne au final la chair de poule ("I’m Not Interested (In Being Interested)", "’Nuff Said"), et ravi par son évidence et son efficacité, en plus de parler autant au corps qu’à l’esprit. Au-delà de ses talents de chanteur-showman, la clairvoyance du type face à l’ambiguïté intrinsèque au rock – un fond paternaliste se cachant derrière une contre-culture soi-disant rebelle, selon lui – stimule l’auditeur. Et le lecteur, pour celui qui poussera jusqu’à lire son essai, ‘The Psychic Soviet’, consacré à la guerre froide et son impact sur la pop culture. « Rock as fuck », comme on dit chez eux.

Label : K Records

Pour en savoir plus : http://krecs.com/artists/chain-and-the-gang/

>> Lire les autres critiques de notre dossier sur les meilleurs albums de 2012.

Écrit par Nicolas Hecht
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