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Elefante Blanco

  • Cinéma
Elefante Blanco
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Time Out dit

‘Elefante Blanco’ développe une étrange schizophrénie, qui finit hélas par le limiter cruellement. D’un côté, son histoire picaresque de deux prêtres (Jérémie Renier et Ricardo Darin), tentant de rendre moins insupportable la vie des habitants d’un bidonville de Buenos Aires, fournit au film une intelligente galerie de portraits et de situations (entre gosses des rues, petits vieux et gros dealers), qui aurait pu faire tendre ‘Elefante Blanco’ vers le faux documentaire – genre habile, souvent riche par ses niveaux ses lectures, et que semble d’ailleurs appeler la réalisation assez sèche de Trapero. Le problème, c’est que cette profondeur sous-jacente, contemplative et distante, est régulièrement gâchée par des scènes lacrymales qui ponctuent le film au rythme d’un scénario sans surprise. En soi, l’absence de scénario n’est pas un mal (au contraire, même, lorsqu’elle renvoie à une conscience de la vanité de l’action). Seulement, dans ce cas, le film aurait dû tirer parti de ses micro-fictions, de ses saynètes documentarisantes, pour livrer un portrait éclaté et réaliste de la situation extrême dans ces bidonvilles. Au lieu de ça, Trapero, auteur en 2000 du remarqué ‘El Bonaerense’ sur la corruption policière dans la capitale argentine, préfère dégainer les violonades pour de grands moments d’émotion surlignés au marqueur, qui tombent comme autant de cheveux dans la soupe. Ce qui dessert vraiment son film, en dépit de la qualité de sa réalisation et de ses interprètes. Au fond, c’est une question de ton, comme si le réalisateur d’‘Elefante Blanco’ n’avait su choisir entre le politique et le sentimental – association douteuse. Et qu’en alliant les deux, il s’était pris les pieds dans le tapis. Et trompé de direction.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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