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Exodus : Gods and Kings

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Exodus: Gods and Kings
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Time Out dit

Qu’il semble loin le temps où Ridley Scott savait ménager un suspense comme dans le classique 'Alien', dessiner le paysage d’un futur ténébreux à l’image du culte 'Blade Runner', mettre en scène la relation ambiguë et antagoniste entre deux soldats de Napoléon, prétexte à son merveilleux 'Les Duellistes'. Depuis pas mal d’années, le réalisateur ne semble plus intéressé par le cinéma d’auteur, même à gros budget, privilégiant les machines sans âme avec son copain Russell Crowe tartiné à toutes les sauces (Russell Crowe en Robin des Bois est aussi crédible que Clovis Cornillac en Astérix) et les péplums historico-mythologiques.

Même le très estimé 'Gladiator' (2000) ne tenait pas la route sur le plan de la qualité cinématographique, encore moins sur celui du réalisme historique, passé par pertes et profits en raison d’une morale et d’une intrigue aussi anachroniques que plombantes. Sans surprise, Ridley Scott continue son bonhomme de chemin avec 'Exodus : Gods and Kings'. Si les accents apocalyptiques du récit biblique permettent au cinéaste de réaliser de magnifiques plans d’ensemble, notamment avec les dix plaies d’Egypte ou la fameuse traversée de la mer Rouge, ils ne lui ont pas inspiré de grandes réflexions sur la foi, l’histoire ou la fraternité.

Avec 'Exodus', Ridley Scott raconte la Bible comme on narrait l’Histoire de France aux enfants de la Troisième République : en parlant des grands hommes, des batailles, des chefs, des généraux, des rois, des empereurs, des héros. Le titre du film ne précise-t-il pas « Gods and Kings » ? Un prisme non seulement rétrograde, mais surtout néfaste pour la tension narrative. La majorité des spectateurs connaît par cœur la vie de Moïse, comment il a libéré le peuple hébreu du joug du pharaon pour l’emmener jusqu'à la Terre Promise, ce qui réduit considérablement les enjeux du film pour lui, à moins que le réalisateur ne s’attarde sur un personnage lambda auquel il pourrait s’identifier. C’est le parti pris par la série 'Rome', par exemple, l’une des meilleures adaptations historiques jamais réalisées, où l’on suit la vie de Jules César, Marc Antoine ou Cléopâtre, mais aussi celles de soldats et d’hommes du peuple.

Rien de tout cela dans 'Exodus', où seuls Ramsès (Joel Edgerton) et Moïse (Christian Bale) semblent bénéficier d’une épaisseur existentielle. Des bribes de vie de famille sont attribuées à Moïse, sans qu’on y prête la moindre attention et sans qu’elles servent de ressort scénaristique. Reste un film divertissant dans ses manifestations les plus pompeuses et catastrophistes, plus subtil dans son introduction des deux « frères », Ramsès et Moïse, et de leur relation au pharaon père, que dans l’exode à proprement parler qui se veut surtout une suite de séquences d’actions. Manque à cette fresque un enjeu émotionnel réel, qui viendrait porter le spectateur et lui donner l’occasion de perdre ou retrouver sa foi.

Écrit par Emmanuel Chirache

Détails de la sortie

  • Date de sortie:vendredi 26 décembre 2014

Crédits

  • Réalisateur:Ridley Scott
  • Scénariste:Steven Zaillian, Bill Collage
  • Acteurs:
    • Christian Bale
    • Sigourney Weaver
    • Joel Edgerton
    • Ben Kingsley
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