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Go Go Tales

  • Cinéma
Go go tales
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Time Out dit

L’idée avait tout pour séduire : Abel Ferrara évoquant New York en huis clos, à travers le prisme d’un club pour hommes et de ses personnages truculents, clients, tenanciers et go go girls. Las, après quinze minutes de film et une débauche de musique et de viande – pas que les corps de femmes gênent ou dérangent, au contraire, mais l’étalage de chair sans poésie ou esthétique peut laisser sceptique –, on sait déjà que le réalisateur n’atteindra pas avec ce ‘Go Go Tales’ (2007) le génie de son chef-d’œuvre ‘Bad Lieutenant’, sommet de noirceur urbaine.

Certes, le propos n’est pas le même, et comparer Harvey Keitel incarnant un flic ripou et Willem Dafoe en loser tenancier de club n’aurait pas de sens. Mais avec un budget six fois plus important, on pouvait s’attendre à autre chose que cette impression de regarder une série télé cheap, au scénario aussi light que le petit-déj d’une strip-teaseuse. Jugez plutôt : Ray Ruby (Dafoe donc) galère pour payer les filles, qui menacent de faire grève. Cette nuit-là il gagne une fortune au loto, mais en bon accro au jeu n’arrive plus à mettre la main sur le billet avant de… Vous aurez deviné la suite.

Il faut dire que le rythme cahotant n’aide pas à redresser la barre, et qu’un bon tiers des scènes aurait aussi bien pu finir en rush au montage. Et pourtant, malgré tous ses défauts, ce long métrage est empreint d’une douce nostalgie pleine de charme, comme une confidence de fêtard devenu trop vieux pour sortir et regrettant l’époque où il pouvait caresser des yeux toutes ces belles fleurs. D’où peut-être le côté vieillot du Ray’s Paradise, sa déco seventies et ses numéros de cabaret aussi fauchés que surréalistes – qui donnent d’ailleurs lieu aux scènes les plus réussies du film. Un verre à moitié vide, qu’on préfère voir à moitié plein, par sympathie pour Ferrara.

Écrit par Nicolas Hecht
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