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Hormona

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Hormona - Bertrand Mandico
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Ce sont trois films courts, récents et « charnels » de l’intriguant Bertrand Mandico que rassemble aujourd’hui ‘Hormona’ en salles. Si le nom du réalisateur ne vous dit rien, sachez simplement que ses films sont sans aucun doute ce que vous pourrez voir actuellement de plus barré, surréaliste et coloré au cinéma. Habitué aux meilleurs festivals de bizarreries détraquées (de L’Etrange Festival au Festival du Film de Fesses), Mandico poursuit une singulière carrière de cinéaste underground, où se mêlent décadence fin-de-siècle, musique de boulard des seventies, couleurs argentiques chatoyantes, tortures lascives et moult organes génitaux. Le tout dans des récits à tiroirs qui font autant penser à l’‘Eraserhead’ de David Lynch qu’à l’‘Histoire de l’œil’ de Georges Bataille, en passant par Sade, Cocteau, Aleister Crowley ou Kenneth Anger. Bref, de quoi étonner le plus blasé des spectateurs.

‘Prehistoric Cabaret’ (2013), le premier de ces courts métrages, dévoile ainsi un spectacle érotique où une hôtesse fait percevoir l’origine du monde à des spectateurs en transe, à travers une « caméra-œil » (hommage à Dziga Vertov ?) qu’elle s’enfonce dans l’anus et ressort par sa bouche. Quelque part entre Big Bang et gang bang, en somme… Réalisé cette année, ‘Y a-t-il une vierge encore vivante ?’ récrit quant à lui l’histoire d’une Jeanne d’Arc devenue « Jeanne la putain », errante énuclée, dévorant une « demi-vierge » ayant préalablement été violée par… un arbre. Enfin, le plus long de ces films courts, ‘Notre Dame des Hormones’ (2014), suit la passion jalouse de deux comédiennes à la campagne pour une espèce de gros kyste vivant – muni de poils et de turgescences équivoques – qu’elles ont trouvé dans les bois.

Vous l’aurez compris, le cinéma de Bertrand Mandico (et de son actrice-fétiche, Elina Löwensohn) fouille l’organique, le sexuel, le comique, la démonologie et les origines du cinéma pour un résultat franchement inédit, sans équivalent dans le cinéma français contemporain. Kaléidoscope de séquences louches, de palpitations déglinguées, d’érotisme sataniste – et, en même temps, parfois presque enfantin –, ‘Hormona’ apparaît aujourd’hui comme une introduction ludique aux fantasmagories bricolées et à la dinguerie mystique de Bertrand Mandico – en attendant un premier long métrage, ‘Les Enfants sauvages’ (un titre emprunté à Burroughs, ce qui promet encore son lot d’étrangetés), dont le tournage est prévu pour le mois d’octobre 2015. D’ici là, on conseille vivement ‘Hormona’ à tous les amateurs de cinéma décalé – ou, tout simplement, d’originalité cinématographique. 

Écrit par
Alexandre Prouvèze
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