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Le Professeur de violon

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Le Professeur de violon
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

La musique classique adoucit les mœurs des favelas brésiliennes.

Alors qu’il vient d’échouer à une audition pour le plus grand orchestre du Brésil à cause de son trac, le violoniste Laerte doit accepter un poste de professeur de musique dans une classe de la plus grande favela de Sao Paulo. Quand il arrive en cours, les élèves l'accueillent sans grand enthousiasme, avec moult fausses notes et couacs. Le niveau n'est pas bon, mais on se doute bien que les jeunes lycéens vont vite progresser grâce à leur nouveau prof, incarné par un très bon Lazaro Ramos.

Tirée de l’histoire vraie de l’Institut Bacarelli, l’intrigue du ‘Professeur de violon’ ne réserve pas beaucoup de surprises, pourtant son déroulé et son cadre pourront tenir le spectateur en haleine. Tout d’abord, la réalisation n’insiste jamais sur l’articulation entre les scènes, elle ne cherche pas à justifier à tout prix ses choix par des séquences dramatiques, ce qui donne au film une fluidité réaliste et un tour sympathique. Quand Samuel, l’un des enfants les plus doués de la classe, doit quitter son foyer à cause des violences de son père, aucun effet dramatique n’est souligné. De même, les conflits sont toujours résorbés avec une simplicité désarmante, que ce soit entre les élèves et Laerte, ou entre Laerte et les caïds du quartier, qui finissent par adopter ce singulier visiteur.

A la fois refuge contre la violence de la favela (les élèves y sont à l’abri de leurs parents et des adultes) et lieu de cristallisation des conflits sociaux (on s’y dispute autour d’un téléphone portable), la classe de musique met en scène le rôle complexe que joue la culture dans l’éducation d’une société pauvre et défavorisée. Une problématique rejouée par le film lui-même, le réalisateur avouant qu’un « film ne peut pas changer la société d’un pays », mais qu’il « peut aider à stimuler le dialogue ». En filmant souvent les habitants à travers des grillages et des barreaux, en montrant le dédale labyrinthique des rues, Sergio Machado formalise physiquement l’exclusion sociale que la favela subit, il rappelle combien chaque jeune garçon, chaque jeune fille de la favela est une promesse de talent qu'il ne faut pas gâcher.

Écrit par
Emmanuel Chirache
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