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Sombre

  • Cinéma
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Time Out dit

Long métrage réalisé Philippe Grandrieux. Avec Elina Löwensohn et Marc Barbé.

Ils se rencontrent sur un bord de route, un bord de monde. C’est ainsi que commence la presque idylle de Jean et Claire. Elle encore vierge, lui meurtrier, ils tentent ensemble de faire face au réel tel qu’il va. Au milieu de quel sombre ? Celui du ciel qui s’efface, des sentiments fanés, et des corps sans vie. Le film raconte tout de la rencontre entre ces deux âmes abîmées par le monde du dehors, tout de leurs retranchements, de leurs écorchures. C’est cette friction-là qui permet aux regardeurs de s’enrichir des fragilités ; jusqu’à perdre parfois les repaires de son propre monde (instant d’expérimentation, où les gros plans et les flous créent instantanément des contres-univers, des contres-récits, des expirations). Cette chaleureuse mélancolie qui parcourt le film devient le moteur de communication, elle devient la modalité d’échange. Elle reste la raison de lutter ensemble contre le jour qui vient. Mais persiste l’irrésolue : Que faire des monstres qui sommeillent en nous ? Elle lui murmure alors : « nous étions tous les deux (…) on avait peur ». La solution réside dans le partage de ces incapacités, la réunion des souffrances dans un monde qui reste dans tous les cas instable. Agité également par la présence de cette caméra à l’épaule qui s’intègre au vibration du récit.  Elle est cet autre corps, cet autre organe qui souffre et qui se confronte au reste autour. Tout cela pour quitter enfin la psychologie systématique et trouver dans le paradigme des corps ce que l’on ressent ensemble : « L’amour est ce qui nous sauve, fut-il perdu, d’emblée, perdu ».

Écrit par
Gildas Madelénat
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