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Sous-Sols

  • Cinéma
Sous-sols - Ulrich Seidl
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Time Out dit

Il se passe de drôles de choses dans les sous-sols autrichiens. Et pour cause : nos voisins européens « y passent souvent leur temps libre » et les considèrent comme des espaces « où ils peuvent se sentir ce qu’ils veulent être », selon les mots du réalisateur Ulrich Seidl. Quand le vernis social s’écaille, la vérité des êtres apparaît – et parfois, elle n’est pas belle à voir. On n’en attendait pas moins de Seidl, semble-t-il spécialisé dans l’exploration des déviances et autres parts de noirceur humaines. Là où sa précédente trilogie ‘Amour’ troublait et touchait avec subtilité quelque point sensible en nous, ‘Sous-sols’ aligne les thèmes attendus : sexualité SM, nostalgie nazie, racisme, fausse maternité glauque. Comme dans un mauvais épisode du magazine "Strip-tease" (avec lequel il partage son absence de voix-off) qui voudrait rassembler trop vite des histoires très diverses, sans jamais prendre le temps de donner à connaître intimement ses protagonistes. Et c’est là tout le paradoxe, puisqu’il n’y est justement question que d’intimité.

De ce point de vue, ce que le réalisateur autrichien parvient à filmer s’avère assez hallucinant (notamment de voyeurisme), de séances SM poussées à des témoignages crus, de conversations de comptoir autour de l’Islam à des scènes d’une banalité confondante. Mais sa mise en scène évoque plus une intrusion, fortuite ou non, qu’une réelle relation de confiance, ce qui éloigne justement ce long métrage d’une réalité plus brute et marquante. En somme, voilà un documentaire qui aurait pu fonctionner en tant que métaphore d’une Autriche vieillissante (la parole n’est jamais donnée aux moins de 40 ans), perverse et hantée par les fantômes de l’histoire, s’il n’était aussi démonstratif et parfois ennuyeux.

Écrit par
Nicolas Hecht
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