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The Shins • 'Port Of Morrow'

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
The Shins 'Port Of Morrow'
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Après soixante ans d’histoire, la geste pop-rock « traditionnelle » a fini par s’essouffler naturellement. Difficile aujourd’hui de renouveler un genre archi-formaté et archi-rebattu, qui compte déjà ses virtuoses par centaines et ses classiques par dizaines de milliers. Dans le genre, les Shins sont pourtant parvenus à produire une œuvre passionnante et ont gravé quelques-unes des plus belles chansons de la décennie précédente dans la cire : "New Slang", "Saint Simon", "Young Pilgrims" ou "Australia" témoignent du génie de composition de James Mercer. L’homme est en effet sujet à des fulgurances pop magnifiques, que lui seul peut chanter avec autant de classe et de limpidité (essayez donc de l’imiter, bon courage). Les paroles parfois conceptuelles qu’il écrit trouvent dans sa voix une parfaite caisse de résonance, dont l’écho touche à coup sûr celui qui les écoute. Certes, il y a souvent du déchet dans un disque des Shins, et 'Port Of Morrow' ne fait pas exception à la règle. Mais, dans le même temps, on y trouve assez de pureté pour tomber amoureux du groupe.

Un titre comme le somptueux "Simple Song" suffit pour comprendre combien les Shins touchent au sublime. La maestria des arrangements et le romantisme épique de la mélodie emportent tout avec eux, nous laissant le cœur brûlant, à l’image de l’océan réchauffé par le soleil dont parle Mercer dans la chanson. Que ce soit via le texte ou la musique, les Shins sont une main tendue vers l’autre, ils mettent en lumière la vocation humaniste de la pop, celle qui fait d’elle un compagnon de vie rassurant pour chacun d’entre nous. Quand James Mercer s’abandonne au lyrisme, cela donne souvent de beaux résultats : "Rifle’s Spiral" est de ceux-là aussi, où les talents d’orfèvre du compositeur font merveille dans une veine sombre et intimiste. On citera également la chanson titre ou "40 Mark Strasse", sobres et entêtantes. Le reste du disque est plus léger, axé autour d’accords de guitare acoustique ou électrique a priori simples à reproduire et cependant plus compliqués qu’il n’y paraît. Une poignée de ballades doucereuses ("It’s Only Life", "September", "For A Fool") laissent un peu sur la faim, contrairement à l’énergique "No Way Down" qui redonne un coup de peps à ce 'Port Of Morrow'. Un album mitigé, donc, qui mérite sa place ici pour ses coups d’éclats et la grâce d’un chanteur-compositeur surdoué.

Label : Columbia Records/Interscope Records

Pour en savoir plus : http://www.theshins.com/home

>> Lire les autres critiques de notre dossier sur les meilleurs albums de 2012.

Écrit par Emmanuel Chirache
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