Recevez Time Out dans votre boite mail

Tout de suite maintenant

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Tout de suite maintenant
Publicité

Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Un Bonitzer en demi-teinte, qui tient surtout par ses seconds rôles.

Indéniablement, il y a un aspect intéressant, à la fois polyphonique et polymorphe, dans ce ‘Tout de suite maintenant’ de Pascal Bonitzer : une galerie de personnages variés (âges et situations sociales divers), une étude des sphères familiales, professionnelles et amoureuses… Hélas, l’ensemble a du mal à prendre, alternant quelques scènes véritablement belles et des moments de mollesse un peu patauds.

Jeune recrue dans un cabinet de finance, Nora (Agathe Bonitzer) se surprend à en grimper rapidement les échelons, immédiatement remarquée par ses supérieurs hiérarchiques (Lambert Wilson et Pascal Greggory, impeccables l’un comme l’autre en vieux loups du capitalisme ; l’un cynique et manipulateur, l’autre vieillissant et largué), au détriment de son collègue Xavier (Vincent Lacoste, étonnamment convaincant avec ses airs d’apprenti Kerviel).

Mais bientôt, la jeune femme apprend que ses deux chefs, ainsi que la femme de Lambert Wilson, Solveig (Isabelle Huppert, meilleure actrice du monde comme toujours), ont, dans le passé, entretenu des relations mystérieuses – voire tumultueuses – avec le père de Nora (un Jean-Pierre Bacri bougon as usual, mais avec une profondeur blessée qui en fait l’un des personnages les plus touchants du film).

Histoires familiales et professionnelles se mêlent ainsi, au gré d’une progression dramatique prévisible, mais qui reste bien fichue. Alors, là où le bât blesse ? On regrette un peu d’avoir à le dire, mais face à quelques seconds rôles particulièrement forts (Huppert et Bacri en tête), l’héroïne Agathe Bonitzer galère manifestement un peu devant la caméra de son père – alors qu’on a pu, ailleurs, la trouver beaucoup plus juste, tout en retenue, dans un film comme ‘Une bouteille à la mer’.

Toutefois, si la jeune actrice semble avoir du mal à trouver ses marques, c’est aussi que l’aspect le plus sociologique du film, lié au domaine de la finance avec tout ce que ça peut comporter de compromission morale, de conflits d’autorité ou de coups de poignard dans le dos, reste un peu fade, couru d’avance ou déjà-vu. Car si le monde du travail représente, sans le moindre doute, l’un des sujets contemporains les plus riches de problématiques, ‘Tout de suite maintenant’ l’aborde de façon un peu trop classique, évidente, sans grande originalité (surtout si l’on compare le film à l’humour de ‘La Loi de la jungle’ ou de ‘Toni Erdmann’). Après ‘Cherchez Hortense’, un nouveau Bonitzer en demi-teinte, donc. Mais qui se laisse voir – en particulier pour le génie du détail hallucinant du jeu d’Isabelle Huppert.

Écrit par
Alexandre Prouvèze
Publicité
Vous aimerez aussi