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Dans une petite ville du Chili, Jorge (Daniel Candia), père de famille sans histoire, se retrouve pris pour cible par une bande de délinquants venus des tours voisines. Bientôt, ceux-ci se mettent à harceler son fils, à violenter et humilier sa fille, sans que les autorités, perdues dans leur inertie administrative, ne bougent le petit doigt. Vient alors, nécessairement pour Jorge, la question de faire justice soi-même – et de ce que peut entraîner, psychologiquement, l’acte de tuer.
Sur ce classique pitch de film de vengeance, Alejandro Fernández Almendras tend à déstructurer les attentes du cinéma de genre pour laisser place à un travail d’auteur sur fond de questionnement moral. Il y a peu, ‘Blue Ruin’ de Jeremy Saulnier se fondait d’ailleurs sur un pari similaire (et risqué) de détournement du film d’action. Ici, Almendras ne s’en sort pas si mal, grâce à de longs plans-séquences immersifs et un sens du cadrage d’une précision chirurgicale. Presque trop systématiquement, même : à la longue, l’intrigue finit en effet par céder le pas à une recherche graphique assez démonstrative, ce qui déséquilibre le film et rend son propos de base sur la vengeance à la limite du superflu. A cette réserve près, ‘Tuer un homme’ reste un film astucieux et bien fichu, assez représentatif de l’actuelle vitalité du cinéma latino-américain – aux côtés, entre autres, des récents et langoureux ‘Historias’ de la Brésilienne Jùlia Murat ou ‘Palma Real Motel’ du Mexicain Aarón Fernandez.