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Une sale histoire

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Une sale histoire
Une sale histoire
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Moyen métrage génial et méconnu de Jean Eustache, Une sale histoire est un petit monument de subversion, d’un dandysme à la fois cool et provocant. Le film est divisé en deux parties, dont la seconde suit en 16 mm – comme un documentaire – un récit autobiographique et voyeuriste de Jean-Noël Picq, ami et scénariste d’Eustache. Or, dans la première partie du film, c’est le comédien Michael Lonsdale, cette fois filmé en 35 mm, qui réinterprète mot pour mot le même texte.

Ainsi, Une sale histoire raconte deux fois la même chose, d’abord sous l’angle de la fiction, puis sous l’angle originel du documentaire. Mise en abyme et jeux de miroirs, le film d’Eustache, réalisé en 1977, a beau être formellement surprenant, c’est surtout son thème et son texte qui restent, aujourd’hui encore, profondément subversifs et tabous. Car si l’histoire narrée pourrait être sordide (elle l’est d’ailleurs même certainement), la délicatesse et la franchise avec lesquelles se trouve exprimée la déviance sexuelle d’un type devenu accro au voyeurisme demeure l’un des monologues les plus beaux et crus du cinéma français.

Cela n’étonne guère de la part du réalisateur de La Maman et la Putain – il suffit de penser à l’intense monologue final de Françoise Lebrun à la fin de ce film-fleuve. Toutefois, le minimalisme formel d’Une sale histoire, l’audace de son ton et la délicieuse voix de l’inimitable Michael Lonsdale en font, parallèlement, l'une des œuvres les plus puissantes de Jean Eustache. Hélas introuvable dans une qualité décente ou à travers le circuit officiel de l'édition DVD, Une sale histoire est heureusement visible sur Internet. Profitez-en avant qu'il ne disparaisse...

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