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Les 8 Salopards

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Western à huis clos, lorgnant vers Réservoir dogs, John Carpenter et Agatha Christie.

« Les 8 haineux » : sans doute le titre original de ce huitième film de Quentin Tarantino sonnerait-il mieux que ces 8 Salopards – dont le clin d’œil au film de guerre de Robert Aldrich (1967) paraît un brin trop évidente. Ou alors, ce (très) long métrage – près de trois heures – aurait pu s’appeler quelque chose comme Reservoir Dogs dans la neige, et son cocktail se résumer plus précisément à une base de Reservoir Dogs (la polyphonie d’un groupe de truands), un soupçon de Django Unchained (le western, la tentation du gore, la « patte » Tarantino), mélangés à un zeste de The Thing de John Carpenter (la neige, la claustrophobie, Kurt Russell) et à une grande rasade d’Agatha Christie, à laquelle Tarantino semble emprunter la logique implacable de ses récits à énigmes. Autant dire que les aficionados du cinéaste ont ici de quoi convulser de bonheur ! Digressions sans fin, personnages archétypiques, coups de théâtre, carnages et flashbacks : tout y est. Même la musique, impeccablement souveraine, d’Ennio Morricone.

Formant la structure de ces 8 Salopards, deux huis clos s’enchaînent. D’abord dans une diligence, où un chasseur de primes ayant perdu sa monture (Samuel L. Jackson) en croise un autre (Kurt Russell), assez menaçant et conduisant sa prisonnière (Jennifer Jason Leigh) vers la ville de Red Rock – dont le trio ainsi formé tombe bientôt sur le prétendu nouveau shérif (Walton Goggins), qu’il embarque également à bord. Mais alors qu’une tempête de neige bloque la progression de la diligence, ses passagers se retrouvent contraints de faire halte dans un relais (second huis clos), occupé par d’inquiétants individus. Formellement, cet enchaînement doublement claustrophobe confère au nouveau Tarantino une certaine austérité – qui, avouons-le, ne peut pas faire de mal à un cinéaste ayant souvent tendance à pêcher par excès de clinquant.

C’est donc avec une assez grande théâtralité que s’orchestre le ballet de ces huit salopards, laissant libre cours à des performances d’acteurs souvent réjouissantes – citons Tim Roth en truculent bourreau à l'accent british, Michael Madsen en cow-boy dégueu, Bruce Dern en confédéré raciste et, évidemment, un Samuel L. Jackson qui s’en donne à cœur joie… S’il reste un dialoguiste fécond, Tarantino met donc plutôt la pédale douce en termes de réalisation, gagnant en âpreté, avec quelques incursions vers le gore qui rappelle certaines de ses meilleures œuvres, à commencer par Reservoir Dogs. Alors, certes, Les 8 Salopards reste sans doute un peu trop complaisant, notamment quant à sa durée et aux violences faites à la seule femme qui y figure (la pauvre Jennifer Jason Leigh s’en prend inutilement plein la gueule tout du long), mais ce retour aux sources, quoique relatif, demeure tout de même une fort bonne nouvelle pour ceux qui pensaient Tarantino perdu dans le grand spectacle pompier. Du Tarantino assez pur jus, donc, et sans doute son meilleur film depuis Kill Bill. C'est déjà pas mal.

Écrit par
Alexandre Prouvèze

Détails de la sortie

  • Noté:18
  • Date de sortie:vendredi 8 janvier 2016
  • Durée:168 mins

Crédits

  • Réalisateur:Quentin Tarantino
  • Scénariste:Quentin Tarantino
  • Acteurs:
    • Channing Tatum
    • Samuel L. Jackson
    • Kurt Russell
    • Jennifer Jason Leigh
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