Montréal devient une gigantesque galerie à ciel ouvert, une murale à la fois

Ils peignent des murales et des dessins sur nos bâtiments, nos routes, nos écoles, nos terrains de basket. Tout montréalais.es qui se promène dans les rues de sa ville a probablement vu leurs œuvres sur une surface plane, à Montréal : Pas moins de 30 de leurs artistes coopérants ont peint trois kilomètres de l'avenue du Mont-Royal lorsque celle-ci a été rendue piétonne à l'été 2020.

Des projets comme celui-ci, et bien d'autres encore, sont le fruit du travail de l'organisme caritatif à but non lucratif MU. Depuis 2007, MU s'est donné pour mission d'embellir la ville de Montréal, une murale à la fois. Créant des œuvres par et pour les communautés locales avec la ville, Montréal peut remercier MU d'avoir produit plus de 130 murales et plus de 300 projets communautaires à travers 17 des arrondissements de la ville, et ils font bien plus qu'ajouter une couche de peinture fraîche.

"Le but du projet est d'embellir et de redonner vie aux murs défraîchis, négligés et/ou graffités de la ville, déclenchant ainsi d'autres changements sociaux", explique Elizabeth-Ann Doyle, directrice artistique et générale du programme. "MU se définit comme un catalyseur entre les groupes clés suivants : Les propriétaires de murs, les entreprises souhaitant soutenir financièrement une peinture murale, les artistes, les résidents, les jeunes et les différents niveaux de gouvernement."

Inspirées par une visite à Philadelphie, Doyle et sa cofondatrice Emmanuelle Hébert ont vu comment la ville prenait vie grâce à l'art public, et comment celui-ci avait un impact transformateur. "Nous avons aimé que l'art soit utilisé pour le changement social", explique Doyle. "Nous aimions que les murales unissent les artistes et les communautés à travers un processus collaboratif, enraciné dans les traditions de la création de murales, pour créer le changement." Ils ont amené le modèle à Montréal, et l'ont nommé MU pour non seulement évoquer à la fois les MUseés et les MUrales, mais aussi pour jouer sur le mot mue (qui signifie rajeunissement en français), comme la mue d'une vieille peau.

Tout cela se résume à deux choses : Soutenir les arts et contribuer au développement social.

Soutenir les arts, embellir la ville

En soutenant les arts, on obtient un processus d'embellissement qui fait de Montréal un musée à ciel ouvert, et "cela correspond aux objectifs fixés par la Ville de Montréal dans un effort pour se faire connaître et renforcer son image de "capitale culturelle"", dit M. Doyle. MU n'est pas exclusivement local, mais 90 % de sa liste de collaborateurs sont de la ville. "Nous travaillons autant avec des artistes de Montréal qu'avec des artistes internationaux", précise-t-elle. "Nous essayons d'inviter quelques artistes internationaux par an à venir peindre un mur à Montréal, et ils peuvent également servir de mentors à nos jeunes muralistes émergents en formation."

Montréal fait de la culture son identité. C'est donc un formidable terrain de jeu pour explorer, créer et produire de l'art.

Qu'est-ce qui rend cette ville capable de produire autant d'art public ? "Montréal est une ville connue pour sa vitalité culturelle", explique Mme Doyle. "Montréal promeut la culture comme son identité, c'est donc un formidable terrain de jeu pour explorer, créer et produire de l'art."

Faire partie de sa ville par l'art

En travaillant avec les communautés locales, MU les aide à participer à leur propre développement local, à améliorer leur qualité de vie, à revitaliser leur quartier, à enseigner une certaine éducation civique par une participation active, et à aider les habitants à se réapproprier leur communauté avec un sentiment d'appartenance.

"Chaque fois qu'une peinture murale est réalisée, un atelier artistique est organisé en parallèle avec les jeunes du quartier", explique M. Doyle. "Par exemple, nous proposons des ateliers de peinture et de sérigraphie, ainsi que la création d'œuvres murales collectives sur des panneaux de bois."

MU vise à rendre l'art accessible à tous et à permettre le déclenchement d'une transformation sociale.

Ils réalisent également des projets directement dans les lieux fréquentés par les adolescents, comme les écoles et les centres de jeunesse. "Nous les invitons à découvrir les étapes du processus de réalisation d'une murale en participant à des tempêtes d'idées et en peignant aux côtés des artistes", ajoute M. Doyle. "Chaque année, l'organisation supervise un programme de mentorat artistique permettant aux étudiants en arts visuels d'occuper le poste d'assistant muraliste pendant la saison estivale."

Si MU tend la main aux organisations de jeunesse locales, les enseignants peuvent toujours inviter MU dans leurs écoles, et les travailleurs sociaux des centres de jeunesse, les animateurs des parcs municipaux et les organisateurs culturels peuvent les contacter pour s'impliquer. Tout propriétaire d'un mur peut également les contacter et l'offrir comme toile à un artiste.

Alors, que voit MU dans l'avenir de Montréal ; que chaque mur soit peint ? Ses voitures de métro ? Où est la limite ? À quoi ressemblera la galerie d'art permanente à ciel ouvert de la ville en, disons, 2050 ?

"Nous imaginons une ville où les projets de développement urbain sont menés de manière concertée, où les communautés, les partenaires commerciaux et culturels travaillent ensemble pour créer des espaces urbains publics qui incluent à la fois l'art (mural), la sensibilisation à l'environnement et des pratiques de design urbain créatives et durables pour le bénéfice de tous", déclare M. Doyle.

Toute personne souhaitant s'impliquer peut contacter MU directement ici, et en savoir plus sur eux via leur site web.