Elisa Nguyen Phung

Elisa Nguyen Phung

Journaliste

Articles (4)

À Marseille, le mezcal mexicain prend l’accent

À Marseille, le mezcal mexicain prend l’accent

« Curieux, curieux et encore curieux. » VoilĂ  qui rĂ©sume parfaitement le profil d’Axel Schindlbeck, crĂ©ateur‑designer allemand, partagĂ© entre Marseille et Helsinki. « Je suis arrivĂ© en France en 2010 », explique‑t‑il dans un français ponctuĂ© d’un accent germanique. « D’abord Ă  Paris, puis Ă  Marseille, oĂč l’on m’a proposĂ© un poste de professeur aux Beaux‑Arts. » Quinze ans plus tard, il est sur tous les fronts : « En ce moment, je n’enseigne pas, mais je conçois une ligne de mobilier d’extĂ©rieur pour cinĂ©mas en plein air, avec un systĂšme sonore de folie dĂ©veloppĂ© en collaboration avec un Marseillais. Je rĂ©flĂ©chis aussi Ă  un lieu dans le Var pour accueillir des artistes en rĂ©sidence  » Sa tĂȘte fourmille d’« idĂ©es un peu loufoques » qu’il s’efforce de concrĂ©tiser quoi qu’il en coĂ»te. À l’image de ce mezcal marseillais. © Lorraine Hellwig En 2017, le projet europĂ©en LIFE Habitats Calanques voit le jour, un plan de protection des milieux naturels menacĂ©s du littoral provençal. « À cette Ă©poque, je revenais tout juste d’un sĂ©jour au Mexique, et en voyant le nombre d’agaves vouĂ©es Ă  l’arrachage, j’ai tout de suite pensĂ© Ă  en faire du mezcal », se souvient Axel Schindlbeck. L’idĂ©e – fidĂšle Ă  son esprit un peu loufoque – est de valoriser cette plante invasive dont la prolifĂ©ration menace l’écosystĂšme local. Il se tourne alors vers Martial Berthaud, artisan distillateur Ă  Autignac, dans l’HĂ©rault, opĂ©rant sous la marque L’Atelier du Bouilleur. « Avec lui, ça a Ă©tĂ© un vĂ©ritable coup
Marseille, temple de la gastronomie arménienne

Marseille, temple de la gastronomie arménienne

DerriĂšre la moitiĂ©-moitiĂ©, cette crĂ©ation mi-fromage mi-anchois 100 % phocĂ©enne, l’autre star de la pizza Ă  Marseille, c’est l’armĂ©nienne, qu’on appelle “lahmajin“. Une pizza extra-fine, tantĂŽt circulaire tantĂŽt ovale, avec une base de sauce tomate toujours garnie de viande hachĂ©e, de lĂ©gumes et d’herbes aromatiques, avant de se voir aspergĂ©e du jus d’un citron pressĂ©. Cet emblĂšme de la gastronomie armĂ©nienne est accrochĂ© au menu de la plupart des pizzerias de la ville, fixes ou ambulantes, depuis une centaine d’annĂ©es.  Dans les annĂ©es 1920, des dizaines de milliers d’ArmĂ©niens ont dĂ©barquĂ© en France suite au gĂ©nocide perpĂ©trĂ© Ă  travers l’Empire ottoman au cours de la PremiĂšre Guerre mondiale. « À cette Ă©poque mais pas seulement, Marseille a Ă©tĂ© la porte d’entrĂ©e privilĂ©giĂ©e des ArmĂ©niens vers l’Hexagone », rĂ©sume l’historien Boris Adjemian, directeur de la BibliothĂšque Nubar (une institution culturelle et scientifique de la diaspora armĂ©nienne, basĂ©e Ă  Paris) de l’UGAB (Union gĂ©nĂ©rale armĂ©nienne de bienfaisance). « On ne peut pas la chiffrer prĂ©cisĂ©ment mais ce qui est certain, c’est que la diaspora armĂ©nienne de Marseille est l’une des plus importantes du territoire français. » Une excellente nouvelle pour la scĂšne culinaire de la citĂ© phocĂ©enne, qui s’est construite en adaptant les plats des diasporas et n’allait certainement pas manquer de nous faire boulotter mantis, dolmas et autres spĂ©cialitĂ©s de la richissime culture armĂ©nienne.   © Le CaucaseLes "Menthi" du restaur
À Marseille, le sacre des accords mets et vaisselle

À Marseille, le sacre des accords mets et vaisselle

DerriĂšre le sourire irradiant, on dĂ©cĂšle une pointe de fatigue. C’est que Lou Thomas, 28 ans, croule sous les commandes. Une excellente nouvelle pour la cĂ©ramiste marseillaise d’adoption qui est devenue, en l’espace de quelques annĂ©es seulement, l’une des fournisseuses de restaurant les plus courues de l’Hexagone. Elle travaille ces temps-ci pour des dizaines d’adresses entre Paris et le Sud, dont l’hĂŽtel PrĂ©sent Ă  Arles et le Christine Ă  Paris, rĂ©cemment repris par le chef Rodolphe Despagne, Ă  qui elle vient de livrer 250 piĂšces créées en l’espace de deux mois ! © Lou ThomasCollection "un dĂźner sous les Ă©toiles" Lou Thomas Une ascension dĂ©marrĂ©e en 2020, quand Lou Thomas est approchĂ©e par un ex-Top Chef qui prĂ©pare l’ouverture de son premier restaurant. « À l’époque, j’avais fait trois ou quatre assiettes, pas plus. PremiĂšre commande : il m’en prend 150 ! », se souvient-elle. Mises au parfum, d’autres tables parigotes dans le vent la contactent, comme le « comptoir culinaire et musical » Pantobaguette (18e), ou encore le restaurant ChoCho du chef Thomas Chisholm (10e). La cĂ©ramique pour tous Car l’intĂ©rĂȘt pour la cĂ©ramique dĂ©passe dĂ©sormais les frontiĂšres de la haute gastronomie, oĂč elle a longtemps Ă©tĂ© cantonnĂ©e. « Les cuisiniers Ă©toilĂ©s se sont penchĂ©s sur la vaisselle d’artisans il y a dĂ©jĂ  un moment. Mais le phĂ©nomĂšne a vraiment pris de l’ampleur Ă  la naissance de la bistronomie, analyse Lou Thomas. Selon moi, la cĂ©ramique au resto, c’est la grosse tendance qui a succĂ©
Un Cash, un phî et l’addition : ces bouis-bouis asiatiques qui font un tabac

Un Cash, un phî et l’addition : ces bouis-bouis asiatiques qui font un tabac

Un mardi de fĂ©vrier, autour de 19 h. Piliers de bar, gens de la mode et jeunes cadres dynamiques jouent des coudes autour du comptoir de l’Étincelle, bar-tabac sis Ă  l’angle des rues Amelot et Saint-SĂ©bastien. Si ce rade de quartier aux murs ornĂ©s de fleurs artificielles et d’écrans plats est si noir de monde en ce mardi gris, c’est parce qu’il est bien plus qu’un rade justement : non content d’étancher la soif et d’assouvir le besoin de nicotine, l’Étincelle apaise aussi la faim. Au menu de l’apĂ©ro : sempiternelles frites et planches de fromage et charcuterie, mais surtout nems au porc, poulet karaage, bĂĄnh cuốn (crĂȘpes de riz vapeur farcies au porc et aux champignons) et rouleaux de printemps faits minute, entre autres rĂ©gals asiatisants. © Guillaume Blot pour Time OutL’Étincelle À Paris, ils sont une poignĂ©e d’établissements Ă  exploiter cette niche du bar-tabac-resto asiatique. NĂ©s pour la plupart entre le dĂ©but des annĂ©es 2000 et celui de la pandĂ©mie, ces lieux Ă  trois tĂȘtes ont trouvĂ© leur public auprĂšs d’une clientĂšle aux papilles internationalisĂ©es. Pour escorter leurs verres, les habituĂ©s peuvent dĂ©sormais slurper un phở ou boulotter un bƓuf lĂŽc lac plutĂŽt que croquer dans un jambon-beurre ou une andouillette. © Guillaume Blot pour Time OutL’Étincelle Un besoin de se diversifier DerriĂšre ce phĂ©nomĂšne, c’est la mue du modĂšle du bar-tabac qu’on observe. Pour Jean-Laurent Cassely, auteur de l’étude La France des bars-tabacs (Maison Cassely, janvier 2025), « puisque l