Olivier Joyard

Olivier Joyard

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Les 20 meilleures séries à mater sur Netflix

Les 20 meilleures séries à mater sur Netflix

Envie de binge-watcher ce qui se fait de mieux sur petit Ă©cran ? AprĂšs vous avoir rĂ©galĂ©s en films en tout genre, votre magazine prĂ©fĂ©rĂ© vous balance la crĂšme de la crĂšme des sĂ©ries sur le mastodonte des sites de streaming : Netflix. Le temps d'un giga-dossier, on vous a sĂ©lectionnĂ© ce qui se fait de mieux sur la plateforme amĂ©ricaine : des crĂ©ations originales, des mini-sĂ©ries, des anthologies et des animĂ©s. Le tout avec une volontĂ© : montrer la diversitĂ© des points de vue et des expĂ©riences. Pour cela, on a demandĂ© Ă  notre journaliste Olivier Joyard (critique, documentariste et scĂ©nariste) ses 20 programmes incontournables sur Netflix. Et n’oubliez pas de faire des pauses entre les saisons ! RecommandĂ© : Les 50 meilleures sĂ©ries de tous les temps
Les 70 meilleurs films Ă  mater sur Netflix

Les 70 meilleurs films Ă  mater sur Netflix

Paul Thomas Anderson, Quentin Tarantino, Alejandro GonzĂĄlez Iñårritu, Christopher Nolan, les frĂšres Safdie
 Mais aussi, cĂŽtĂ© franchouillard, Abdellatif Kechiche, Mia Hansen-LĂžve, Arnaud Desplechin
 Depuis quelques annĂ©es, on ne compte plus les grands noms du cinĂ©ma d’auteur qui viennent peu Ă  peu agrĂ©menter le catalogue du mastodonte du streaming : Netflix. Alors, pour s’y retrouver dans une offre assez inĂ©gale, entre pur chef-d’Ɠuvre scorsesien et comĂ©die douteuse, votre magazine prĂ©fĂ©rĂ© a dĂ©cidĂ© de sĂ©lectionner, avec beaucoup de subjectivitĂ© (forcĂ©ment), la crĂšme de la crĂšme des films sur Netflix. Vous y trouverez tant des crĂ©ations originales (Roma, Marriage Story, The Irishman...) que les nouvelles acquisitions du mastodonte amĂ©ricain. D’autant plus que le dossier est amenĂ© Ă  Ă©voluer : en quelques mois, Netflix a acquis les droits de diffusion du mythique Studio Ghibli (21 films au total) avant de signer un partenariat avec MK2, lui permettant de diffuser 12 films de Truffaut (qui fait Ă  lui seul l’objet d’un dossier), mais aussi le maĂźtre du rĂȘve au cinĂ©ma, David Lynch (mais pas ses meilleurs). Au final, pas Ă©vident de choisir parmi plus de 4000 programmes... Surtout qu'il a fallu varier les genres et les gens (ba oui, on n'allait pas mettre tous les films de Scorsese en haut de la liste). Bref, sans plus attendre, voici les 70 films Ă  mater en prioritĂ© sur Netflix selon nous. On parie que vous ne les avez pas tous vus !
Les 50 meilleures séries de tous les temps

Les 50 meilleures séries de tous les temps

RĂ©sumer l’amour des sĂ©ries en 50 titres emblĂ©matiques ? L’exercice est Ă  la fois excitant et complexe. Le genre a explosĂ© depuis une vingtaine d’annĂ©es mais traverse la culture pop depuis 75 ans. En Ă©tablissant ce classement, une Ă©vidence nous a sautĂ© aux yeux : les sĂ©ries couvrent depuis toujours une diversitĂ© de points de vue et d’expĂ©riences fascinante. D’abord conçues exclusivement pour le grand public, elles se sont enrichies ces derniĂšres dĂ©cennies d’approches parfois radicales venues de toute la planĂšte et de chefs-d’Ɠuvre aussi importants que les grands totems de la littĂ©rature ou du cinĂ©ma. Si elles prennent le pouls du monde avec une pertinence imparable, certaines sont encore mĂ©connues. Nous espĂ©rons avec ce dossier susciter dĂ©couvertes et curiositĂ©.
Joaquin Phoenix, joker sans fard

Joaquin Phoenix, joker sans fard

On craignait une star caractĂ©rielle, quittant l’interview Ă  la moindre question bĂȘte. Pourtant, c’est un Joaquin Phoenix cool et sincĂšre qui a Ă©voquĂ© son rĂŽle marquant dans la peau de l’éternel rival de Batman. Film de l’automne, le fascinant Joker raconte les blessures originelles et la mĂ©tamorphose en psychopathe de ce personnage brutal, qui va comme un gant Ă  cet habituĂ© des hĂ©ros dĂ©glinguĂ©s. Un personnage comme le Joker, faut-il l’aimer pour le jouer ? HonnĂȘtement, cela a Ă©tĂ© un dĂ©fi. Parfois, en lisant le scĂ©nario, je ressentais de la sympathie pour lui, Ă  d’autres moments, j’étais Ă©cƓurĂ© par son comportement. Aucun putain de sens. Il Ă©tait pathĂ©tique, chouineur. Ce que j’ai identifiĂ©, ce sont les traces de stress post-traumatique en lui. AttaquĂ© par des gamins au dĂ©but du film, il se met en mode statue, incapable de rĂ©pondre. Ce mec a subi des abus physiques durant son enfance. C’est difficile de ne pas avoir de l’empathie pour un homme qui a vĂ©cu ça. Ces choses-lĂ  vous changent le cerveau, concrĂštement. Cela a vraiment transformĂ© mon point de vue. Au dĂ©part, j’avais envie de l’envoyer se faire foutre. Vous ĂȘtes-vous renseignĂ© sur les troubles mentaux en prĂ©parant le rĂŽle ? J’ai regardĂ© des vidĂ©os et j’ai lu deux livres spĂ©cifiques. Je ne vais pas vous dire lesquels, pour ne pas mettre en avant les criminels dont ils parlent. L’hypothĂšse qui en ressort, c’est que les assassins Ă  motivation politique et les tueurs de masse possĂšdent des personnalitĂ©s proches. On apprend
Time Out rencontre Xavier Dolan

Time Out rencontre Xavier Dolan

Cette annĂ©e, Xavier Dolan fĂȘte ses trente ans de prĂ©sence sur Terre et dĂ©jĂ  ses dix ans de cinĂ©ma. Une boucle commencĂ©e en 2009 avec la solitude de J’ai tuĂ© ma mĂšre et qui s’achĂšve dans le tremblement collectif de Matthias et Maxime, son nouveau film, plongĂ©e Ă©mouvante dans la vie d’un groupe de potes doublĂ©e d’une comĂ©die romantique nouveau genre. Une Ɠuvre de transition, comme dit Dolan, et qui lui va bien au teint. Ce qu’on lui a immĂ©diatement fait remarquer quand il s’est assis face Ă  nous. Vous avez l’air heureux. Je le suis ! Matthias et Maxime est un film Ă©nergique, libre, loin d’Hollywood. DĂ©livré ? J’ai longtemps cherchĂ© l’approbation, la validation des autres, mais j’ai compris que je ne pouvais plus espĂ©rer ĂȘtre aimĂ© par tout le monde. Faire ce film, ainsi que les deux autres avant – Juste la fin du monde, Ma Vie avec John F. Donovan –, m’a affranchi de ce besoin d’acceptation. J’ai trouvĂ© auprĂšs de mes amis la seule validation dont j’ai besoin aujourd’hui. Ce long-mĂ©trage est d’ailleurs parti du dĂ©sir de raconter ma transformation au contact de nouvelles amitiĂ©s. Ma rencontre il y a quelques annĂ©es avec celles et ceux qui jouent dans Matthias et Maxime a Ă©tĂ© salvatrice.                                « Dans ma vie, j’ai passĂ© beaucoup de temps seul » Avant, vous n’aviez pas d’amis ? J’avais de trĂšs bons amis, mais je ne connaissais pas le sentiment de communautĂ©. Je ne l’ai connu qu’aprĂšs mes 25 ans. A l’adolescence, on se forge des amitiĂ©s. Ensuite, comme vous
Joaquin Phoenix: "En algunos momentos Joker me generaba empatĂ­a y en otros repulsiĂłn"

Joaquin Phoenix: "En algunos momentos Joker me generaba empatĂ­a y en otros repulsiĂłn"

La pelĂ­cula mĂĄs esperada del otoño, 'Joker', de Todd Phillips, explica cĂłmo un pobre cĂłmico fracasado se transforma en el psicĂłpata de Gotham que todos conocemos y tememos. Descubrimos a un Joaquin Phoenix agitado y terrorĂ­fico que ya se ha colocado en todas las quinielas de los Óscars. Nosotros hablamos. ÂżTe tiene que gustar un personaje como Joker para interpretarlo?Sinceramente, fue un reto. En algunos momentos, mientras leĂ­a el guion, me despertaba empatĂ­a. En otros, repulsiĂłn. No tenĂ­a ningĂșn sentido. Era patĂ©tico, estridente. AhĂ­ vi rastros de un desorden de estrĂ©s postraumĂĄtico. Cuando lo atacan los niños, al principio de la pelĂ­cula, se queda congelado como una estatua, es incapaz de responder. Cuando era pequeño abusaron fĂ­sicamente de Ă©l. Es difĂ­cil no sentir algĂșn tipo de compasiĂłn por alguien que ha pasado este trance. Algo asĂ­ te gira el cerebro, la manera de pensar. Esto hizo que cambiara mi modo de ver al personaje. Al principio, solo querĂ­a que se fuera a la mierda. ÂżCĂłmo te preparaste para el papel? ÂżEstudiaste trastornos mentales?Vi algunos vĂ­deos y leĂ­ dos libros en particular. No te dirĂ© cuĂĄles, porque no quiero que los criminales de los que hablan reciban mĂĄs atenciĂłn de la que merecen. La idea general era que los asesinos masivos tienen personalidades similares. Antes de 1963, aparentemente, habĂ­a dos categorĂ­as identificadas: los extremistas polĂ­ticos y los locos. DespuĂ©s los medios abrieron el espectro a muchas otras modalidades. Esto me parecĂ­a intere
Time Out meets Joker's Joaquin Phoenix

Time Out meets Joker's Joaquin Phoenix

The most anticipated film of the fall, Joker examines how a failed stand-up comedian and troubled loner morphs into the Gotham psychopath we all know and dread. The movie’s star, Joaquin Phoenix, unleashes a jittery, terrifying turn that’s already gathering Oscar buzz. The actor himself has a rep for being an occasionally tense sit-down—“Most of the time, I just try to get to the end of interviews,” he tells us, unpromisingly—but we caught him on a good day: direct, laid-back and eager to chat about his turn as the DC supervillain.  Do you need to like a character in order to play him?Frankly, this was a challenge. Sometimes, while reading the script, I felt sympathetic. Other times, I was repulsed. It made no fucking sense. He was pathetic, whiny. I saw traces of post-traumatic stress disorder in him. When Arthur is attacked by kids at the start of the movie, he freezes up like a statue, unable to respond. This guy was physically abused when he was a child. It’s difficult not to feel some empathy for someone who’s been through that. That sort of thing changes your brain, the way you think. But at the start, I wanted him to go fuck himself. Did you study mental health problems in any way? I watched some videos and read two books in particular. I’m not going to tell you which ones, as I don’t want to give the criminals they’re about more attention than they deserve. The general idea was that political assassins and mass murderers have similar personalities. On the one hand, Ar
Joaquin Phoenix: ‘I wanted the Joker to go f**k himself’

Joaquin Phoenix: ‘I wanted the Joker to go f**k himself’

The most anticipated film of the autumn, ‘Joker’ examines how failed stand-up Arthur Fleck morphed into the Gotham psychopath we all know and dread. Its star Joaquin Phoenix is the film’s beating heart in a jittery, terrifying turn that’s already gathering Oscar buzz. The man himself has a rep for being an occasionally scratchy interviewee – ‘Most of the time I just try to get to the end of interviews’, he tells me, unpromisingly – but the Phoenix I encounter is direct but laid-back, and eager to chat about his turn as the DC supervillain.  Do you have to like a character like the Joker to play him?‘Frankly, it was a challenge. Sometimes, while reading the script, I felt sympathetic, other times I was repulsed. Made no fucking sense. He was pathetic, whiny. I saw traces of post-traumatic stress disorder in him. When he’s attacked by kids at the start of the movie, he freezes up like a statue, unable to respond. This guy was physically abused when he was a child. It’s difficult not to feel some empathy for someone who’s been through that. That sort of thing changes your brain, the way you think. And it made me change how I see his character. At the start, I wanted him to go fuck himself.’  How did you prepare for the role? Did you study mental health problems in any way? ‘I watched some videos and read two books in particular. I’m not going to tell you which, as I don’t want to give the criminals they’re about more attention than they deserve. The general idea was that politic

Listings and reviews (26)

Kiki, la petite sorciĂšre

Kiki, la petite sorciĂšre

5 out of 5 stars
Quand la sĂ©rie de livres Harry Potter est sortie, un sentiment immĂ©diat de familiaritĂ© s’est emparĂ© du public, J. K. Rowling s’inspirant de sources reconnaissables comme les romans d’Anthony Buckeridge. La romanciĂšre n’est pas la premiĂšre Ă  s’ĂȘtre inspirĂ©e du passĂ© pour recrĂ©er, comme le prouve Kiki la petite sorciĂšre, adaptĂ© par Hayao Miyazaki de l’Ɠuvre pour enfants d’Eiko Kadono. L’histoire d’une sorciĂšre ado, de son chat toujours de mauvaise humeur et d’une petite ville endormie au bord de la mer oĂč la jeune femme lance un service de livraison par les airs. Au fond, la vraie histoire se situe ailleurs. Elle est presque impossible Ă  dĂ©crire, cachĂ©e dans les interstices des scĂšnes et dans les regards. C’est le gĂ©nie de Miyazaki : dans les mains d’un grand rĂ©alisateur, ce rĂ©cit d’apprentissage tranquille devient tout autre chose que ce qu’on pourrait en attendre, tel un conte Ă  la fois Ă©trange, beau et bouleversant.
Porco Rosso

Porco Rosso

5 out of 5 stars
Le plus impressionnant avec le scĂ©nariste-rĂ©alisateur-producteur et patron du Studio Ghibli n’est pas seulement son imagination (pourtant trĂšs vaste), ni sa compassion (qui n’a pas de fin), mais son extraordinaire confiance en la fiction. Il faut ĂȘtre un homme remarquable pour avoir l’idĂ©e d’un film situĂ© en Italie juste avant la Seconde Guerre mondiale, oĂč le hĂ©ros n’est autre qu’un cochon magique conduisant des avions. AprĂšs trois ans de travail est nĂ© l’un des grands accomplissements du maĂźtre Miyazaki, bourrĂ© de charme, d’empathie, d’ironie historique et d’humour Ă  froid. Porco Rosso est aussi – et c’est peut-ĂȘtre le plus important – un chant d’amour au cinĂ©ma comme rempart face Ă  la barbarie. Le film est Ă  la fois inspirĂ© par le septiĂšme art et ses stars (d’Errol Flynn Ă  Humphrey Bogart) et plein de rĂ©fĂ©rences directes Ă  l’amour qu’il provoque chez ses spectateurs, Ă  travers les magazines que lit le hĂ©ros porcin ou les dessins animĂ©s qu’il aime tant regarder.
NausicaÀ de la vallée du vent

NausicaÀ de la vallée du vent

5 out of 5 stars
Le deuxiĂšme film d’Hayao Miyazaki est aussi le premier basĂ© sur l’un de ses scĂ©narios (il adapte son propre manga) et fait donc office de note d’intention majeure. Le rĂ©alisateur montre qu’il ne fait pas que raconter des histoires : il crĂ©e des mondes de toutes piĂšces. Le choc est total lorsque la petite communautĂ© agraire de l’hĂ©roĂŻne subit l’assaut d’une nation sans scrupule dans un univers postapocalyptique. Une forĂȘt toxique constitue l’autre menace. Princesse de sa vallĂ©e, NausicaĂ€ tente de redresser l’équilibre du monde. Comme la saga Star Wars, le film montre de quelle façon la perception singuliĂšre d’une personne peut influer sur les Ă©vĂ©nements. Dans cette profession de foi fĂ©minine et progressiste, Miyazaki plaide pour les efforts collectifs de l’humanitĂ© contre la tentation de la destruction. Une saga compassionnelle Ă  dĂ©couvrir absolument.
Le ChĂąteau dans le ciel

Le ChĂąteau dans le ciel

5 out of 5 stars
Dans cette premiĂšre production du Studio Ghibli (fondĂ© en 1985), Hayao Miyazaki fait preuve d’audace en imaginant une flotte de machines volantes vintage. Le film suit une jeune fille pleine de rĂȘves qui se demande si le cristal lumineux dont elle a hĂ©ritĂ© la mĂšnera jusqu’à la citĂ© volante lĂ©gendaire de Laputa – un emprunt du rĂ©alisateur aux Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Le plaisir intense des scĂšnes de poursuite et de combat en suspension reste aussi fort aujourd’hui, malgrĂ© les moyens technologiques rudimentaires dont disposaient les animateurs du studio japonais. Un fond Ă©cologique trĂšs contemporain sous-tend le film et le rend pertinent en 2020, mais c’est d’abord – et surtout – sa grande puissance d’imagination qui sĂ©duit. Le paysage de Laputa est de toute Ă©vidence le produit d’un visionnaire de gĂ©nie.
Carol

Carol

5 out of 5 stars
InspirĂ© d’un roman de jeunesse signĂ© Patricia Highsmith, le sixiĂšme long-mĂ©trage de Todd Haynes (Velvet Goldmine, Loin du paradis) se glisse dans les vies contrariĂ©es de deux femmes amoureuses dans les annĂ©es 1950. JouĂ©es par Cate Blanchett et Rooney Mara, elles se rencontrent dans un grand magasin new-yorkais oĂč l’une travaille comme vendeuse tandis que l’autre, mariĂ©e, vient y faire ses achats. Elles entament une relation timide et interdite : le monde contre leur bulle. Avec une dĂ©licatesse infinie, Haynes filme la naissance du dĂ©sir lesbien et sa rĂ©pression simultanĂ©e par les codes normatifs. Carol se dĂ©ploie alors comme un beau mĂ©lodrame et un grand film d’amour oĂč rien ne compte plus que deux mains ou deux bouches qui se frĂŽlent, oĂč les dĂ©tails des sentiments chuchotĂ©s s’incarnent avec fiĂšvre. On pense parfois Ă  In the Mood for Love de Wong Kar-wai, ce qui situe l’intensitĂ© de cette romance qu’on n’oublie pas.
Les Affranchis

Les Affranchis

5 out of 5 stars
Ce film marque-t-il le sommet de la carriĂšre de Martin Scorsese ? On peut le penser, pas seulement parce que chaque nouvelle vision en bonifie l’expĂ©rience, mais aussi parce que la rĂ©volution entamĂ©e par Les Affranchis n’a cessĂ© de montrer ses effets. Sans ce film, pas de Soprano ni d’ñge d’or de la tĂ©lĂ©vision, pas de scĂšne du dĂźner dans Reservoir Dogs
 En faisant de ses prĂ©occupations sur les insĂ©curitĂ©s masculines un ressort de comĂ©die, Scorsese a inventĂ© un nouveau genre : le commentaire social sous acide, enrobĂ© d’un rĂ©cit typiquement amĂ©ricain de la grandeur et de la dĂ©cadence d’un pauvre type. AuprĂšs de Robert De Niro et Joe Pesci, Ray Liotta trouve un rĂŽle inoubliable que ses yeux inquiets illuminent. Et le film glisse habilement de la surface des vies mafieuses – la nourriture, les boĂźtes de nuit, les tromperies, la violence – vers leur fond tragique : la prison, l’abandon et la vie sclĂ©rosĂ©e par la peur, Ă  chaque coin de rue.
Un Amour de jeunesse

Un Amour de jeunesse

4 out of 5 stars
Mia Hansen-LĂžve a rĂ©alisĂ© son troisiĂšme long-mĂ©trage alors qu’elle n’avait pas encore 30 piges. Mais paradoxalement, la rĂ©alisatrice semblait dĂ©jĂ  trĂšs expĂ©rimentĂ©e, comme le prouve le ton Ă  la fois Ă  vif et plein de hauteur de ce film sur les affres d’un amour post-adolescent. OĂč comment Camille, folle de Sullivan, le perd lorsqu’il part Ă©tudier Ă  l’étranger, s’effondre totalement, puis renaĂźt dans les bras de son prof d’architecture plus Ăągé  avant que Sullivan ne revienne en France des annĂ©es plus tard. Avec un souffle romanesque discret mais tenace, Un Amour de jeunesse s’affiche comme un conte cruel et amer sur les illusions des sentiments. Mia Hansen-LĂžve fait preuve d’une grande force pour capter un spleen existentiel profond mais aussi la fĂ©rocitĂ© du dĂ©sir. La glace et le feu. Jamais ennuyeux, son cinĂ©ma esquisse les personnages sans les brutaliser, comme si la camĂ©ra cherchait toujours Ă  prĂ©server leur part de mystĂšre.
4 mois, 3 semaines, 2 jours

4 mois, 3 semaines, 2 jours

5 out of 5 stars
Palme d’or surprise au Festival de Cannes, le film du rĂ©alisateur roumain Cristian Mungiu dĂ©bute par l’image choc de deux jeunes femmes terrifiĂ©es dans une chambre d’hĂŽtel, discutant avec un homme plus ĂągĂ© de sang, de draps souillĂ©s et du besoin urgent d’un sac plastique
 Pendant tout le film, on n’échappe pas Ă  la noirceur mais aussi Ă  l’énergie de la camĂ©ra traquant la rĂ©alitĂ© d’une sociĂ©tĂ© oĂč aucune loi n’autorise l’avortement, forçant des femmes Ă  recourir au marchĂ© noir dans des conditions sordides. Mungiu dresse un portrait amer de son pays de l’ancien bloc soviĂ©tique, mais c’est d’abord l’intimitĂ© de son point de vue qui frappe. Le film brille par le sentiment d’urgence qu’il dĂ©ploie Ă  toutes les scĂšnes – l’action se dĂ©roule en une aprĂšs-midi et une soirĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 80 – et rĂ©vĂšle finalement sa nature surprenante de thriller social et politique. Un exemple de la vitalitĂ© du cinĂ©ma roumain des annĂ©es 2000, malheureusement moins Ă©vidente aujourd’hui tant les conditions Ă©conomiques se sont durcies.
Wallace et Gromit : Le MystĂšre du lapin-garou

Wallace et Gromit : Le MystĂšre du lapin-garou

5 out of 5 stars
La qualitĂ© technique du film de Steve Box et Nick Park nous ferait presque oublier qu’il est fabriquĂ© Ă  la main image par image (et il y en a 24 par seconde !) Ă  partir de pĂąte modeler, loin des grandes productions numĂ©riques qui font l’ordinaire du cinĂ©ma d’animation. Dans ce qui fut le premier long-mĂ©trage du duo, on retrouve Wallace, l’inventeur un peu distrait et grand fan de fromage, ainsi que son fidĂšle et brillant chien Gromit, tous deux confrontĂ©s Ă  une Ă©trange invasion de lapins fĂ©roces qui dĂ©zinguent les lĂ©gumes de leur petite ville. BientĂŽt, un gros lapin terrifiant se rĂ©vĂšle Ă  l’origine de la catastrophe. Comme dans Chicken Run et les autres productions des studios Aardman, l’humour anglais Ă  plusieurs degrĂ©s se mĂȘle Ă  un sens Ă©laborĂ© de la mise en scĂšne et du dĂ©tail. Les scĂšnes d’action dĂ©roulent une mĂ©canique aussi prĂ©cise que les gags purement burlesques. Les rĂ©fĂ©rences aux classiques du cinĂ©ma sont nombreuses et parfois surprenantes, avec des clins d’Ɠil Ă  King Kong et Ă  La Mouche de David Cronenberg
 Un must absolu.
Le Conte de la princesse Kaguya

Le Conte de la princesse Kaguya

5 out of 5 stars
Cette splendeur est le chant du cygne du grand rĂ©alisateur d’animation Isao Takahata, dĂ©cĂ©dĂ© en 2018. Le cofondateur du Studio Ghibli n’a jamais atteint la renommĂ©e internationale de son partenaire plus prolifique, et peut-ĂȘtre plus accessible, Hayao Miyazaki. Il n’en reste pas moins grand. Le Conte de la princesse Kaguya est un film dĂ©licat ancrĂ© dans le folklore japonais. On y dĂ©couvre une fille de paysans qui devient princesse et se construit une vie au palais impĂ©rial. MalgrĂ© ses sources mythologiques, le film ne s’appuie pas sur un univers de fantasy, prĂ©fĂ©rant un rĂ©cit simple aux couleurs pastel Ă©lĂ©gantes, oĂč s’invente une histoire d’amour saupoudrĂ©e de satire sociale. Le rĂ©cit dĂ©colle Ă  mi-parcours avec l’une des plus belles scĂšnes de tout le catalogue Ghibli. Nous ne sommes pas vraiment devant un film pour enfants. Le Conte de la princesse Kaguya demande patience et ouverture d’esprit, offrant en retour une mĂ©ditation douloureuse sur l’amour, le grand Ăąge et la dignitĂ© au moment de quitter ce monde. Des adieux Ă©mouvants.
Roma

Roma

5 out of 5 stars
Avec Gravity, le cinĂ©aste mexicain Alfonso Cuaron (connu Ă©galement pour le road trip Ă©rotique Y Tu MamĂĄ TambiĂ©n, le thriller dystopique Les Fils de l’homme et Le Prisonnier d’Azkaban, aka le meilleur Harry Potter) transformait un thriller de science-fiction Ă  grand spectacle en Ă©tude intime de personnage dans l’immensitĂ© de l’espace. Roma, sa merveille trĂšs personnelle en noir et blanc, passe Ă  l’inverse du micro au macro : tout commence par les dĂ©tails d’une vie, enchaĂźnant progressivement sur la rĂ©alitĂ© sociale et politique de Mexico dans les annĂ©es 70, dans le quartier mĂȘme oĂč le rĂ©alisateur a grandi. Construit par Cuaron comme une Ă©lĂ©gie sobre et sensible de son enfance auprĂšs de ClĂ©o, la domestique qui l’a Ă©levĂ©, Roma rejoint d’autres grands portraits de femme au cinĂ©ma comme Jeanne Dielman de Chantal Akerman, en nous plaçant au cƓur d’une expĂ©rience physique. En bref : un chef-d’Ɠuvre immersif, du cinĂ©ma pur. Et profondĂ©ment humain.
Moonlight

Moonlight

5 out of 5 stars
Le premier miracle de Moonlight – et ce film crĂšve-cƓur en regorge – a lieu Ă  table. Le jeune Chiron, 10 ans, a Ă©tĂ© harcelĂ© dans la rue. Les deux adultes prĂ©sents Ă  ce dĂźner ne sont pas ses parents, mais ils trouvent les mots justes pour rĂ©pondre Ă  sa question : « Est-ce que je suis une tapette ? » Barry Jenkins explore des aspects peu vus de l’expĂ©rience afro-amĂ©ricaine avec une voix poĂ©tique et montre des aspects de Miami que l’on ne connaĂźt pas au cinĂ©ma. Mais ce qui ressort en premier dans le film tient Ă  sa maniĂšre radicale de scruter des turbulences sexuelles Ă©loignĂ©es des stĂ©rĂ©otypes. Dans le cadre des rĂ©cits gays, nous sommes loin de Brokeback Mountain, pour nous rapprocher de l’atmosphĂšre anxieuse et planante du gĂ©nie hip-hop Frank Ocean. Dans le film, Chiron grandit, devenant un adolescent hantĂ© par ses dĂ©sirs, puis un adulte tĂ©nĂ©breux dans la partie finale, peut-ĂȘtre la plus belle, lorsqu’il retrouve la compagnie d’un vieil ami. Le genre de film qui nous rappelle pourquoi on aime le cinĂ©ma.

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Sofia Coppola dans les yeux de Priscilla Presley

Sofia Coppola dans les yeux de Priscilla Presley

Pour beaucoup, elle est celle qui a vĂ©cu dans l’ombre du King. Mais Priscilla Presley mĂ©ritait aussi que son histoire soit racontĂ©e, avec toute l’intensitĂ© et la dĂ©licatesse nĂ©cessaire, Ă  travers le regard d’une sƓur. VoilĂ  ce qui est passĂ© par l’esprit de Sofia Coppola en tombant il y a quelques annĂ©es sur le livre de mĂ©moires Elvis et moi, que Priscilla Presley, aujourd’hui ĂągĂ©e de 78 ans, avait publiĂ© en 1985. « Il traĂźnait chez moi et j’ai fini par le lire aprĂšs l’avoir longtemps ignorĂ© », nous raconte la rĂ©alisatrice de 52 ans. « J’ai Ă©tĂ© surprise par le cĂŽtĂ© intime mais aussi universel de l’histoire. Je connaissais trĂšs peu de choses sur Priscilla, alors que c’est une cĂ©lĂ©britĂ© dans la culture amĂ©ricaine. J’ignorais par exemple qu’elle avait vĂ©cu Ă  Graceland (la rĂ©sidence d’Elvis Presley Ă  Memphis, achetĂ©e par le chanteur en 1957, ndlr) alors qu’elle Ă©tait encore au lycĂ©e. Tout cela Ă©tait difficile Ă  croire et choquant. Elle en parle trĂšs bien dans son ouvrage. J’ai Ă©tĂ© aussi trĂšs attirĂ©e par l’univers visuel, ces annĂ©es 1960 ultra amĂ©ricaines que j’avais envie de retranscrire. » Priscilla est le huitiĂšme long-mĂ©trage de Sofia Coppola. Il y a presque un quart de siĂšcle, elle avait dĂ©butĂ© avec un teen movie planant, le superbe Virgin Suicides (1999), avant de construire une filmographie quasi obsessionnelle autour de personnages fĂ©minins souvent isolĂ©s, dĂ©phasĂ©s dans leur tour d’ivoire. Chez elle, l’ennui et la solitude apparaissent toujours sublimĂ©s. On se souvient auss