Olivier Joyard

Olivier Joyard

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Les 20 meilleures séries à mater sur Netflix

Les 20 meilleures séries à mater sur Netflix

Envie de binge-watcher ce qui se fait de mieux sur petit Ă©cran ? AprĂšs vous avoir rĂ©galĂ©s en films en tout genre, votre magazine prĂ©fĂ©rĂ© vous balance la crĂšme de la crĂšme des sĂ©ries sur le mastodonte des sites de streaming : Netflix. Le temps d'un giga-dossier, on vous a sĂ©lectionnĂ© ce qui se fait de mieux sur la plateforme amĂ©ricaine : des crĂ©ations originales, des mini-sĂ©ries, des anthologies et des animĂ©s. Le tout avec une volontĂ© : montrer la diversitĂ© des points de vue et des expĂ©riences. Pour cela, on a demandĂ© Ă  notre journaliste Olivier Joyard (critique, documentariste et scĂ©nariste) ses 20 programmes incontournables sur Netflix. Et n’oubliez pas de faire des pauses entre les saisons ! RecommandĂ© : Les 50 meilleures sĂ©ries de tous les temps
Les 70 meilleurs films Ă  mater sur Netflix

Les 70 meilleurs films Ă  mater sur Netflix

Paul Thomas Anderson, Quentin Tarantino, Alejandro GonzĂĄlez Iñårritu, Christopher Nolan, les frĂšres Safdie
 Mais aussi, cĂŽtĂ© franchouillard, Abdellatif Kechiche, Mia Hansen-LĂžve, Arnaud Desplechin
 Depuis quelques annĂ©es, on ne compte plus les grands noms du cinĂ©ma d’auteur qui viennent peu Ă  peu agrĂ©menter le catalogue du mastodonte du streaming : Netflix. Alors, pour s’y retrouver dans une offre assez inĂ©gale, entre pur chef-d’Ɠuvre scorsesien et comĂ©die douteuse, votre magazine prĂ©fĂ©rĂ© a dĂ©cidĂ© de sĂ©lectionner, avec beaucoup de subjectivitĂ© (forcĂ©ment), la crĂšme de la crĂšme des films sur Netflix. Vous y trouverez tant des crĂ©ations originales (Roma, Marriage Story, The Irishman...) que les nouvelles acquisitions du mastodonte amĂ©ricain. D’autant plus que le dossier est amenĂ© Ă  Ă©voluer : en quelques mois, Netflix a acquis les droits de diffusion du mythique Studio Ghibli (21 films au total) avant de signer un partenariat avec MK2, lui permettant de diffuser 12 films de Truffaut (qui fait Ă  lui seul l’objet d’un dossier), mais aussi le maĂźtre du rĂȘve au cinĂ©ma, David Lynch (mais pas ses meilleurs). Au final, pas Ă©vident de choisir parmi plus de 4000 programmes... Surtout qu'il a fallu varier les genres et les gens (ba oui, on n'allait pas mettre tous les films de Scorsese en haut de la liste). Bref, sans plus attendre, voici les 70 films Ă  mater en prioritĂ© sur Netflix selon nous. On parie que vous ne les avez pas tous vus !
Les 50 meilleures séries de tous les temps

Les 50 meilleures séries de tous les temps

RĂ©sumer l’amour des sĂ©ries en 50 titres emblĂ©matiques ? L’exercice est Ă  la fois excitant et complexe. Le genre a explosĂ© depuis une vingtaine d’annĂ©es mais traverse la culture pop depuis 75 ans. En Ă©tablissant ce classement, une Ă©vidence nous a sautĂ© aux yeux : les sĂ©ries couvrent depuis toujours une diversitĂ© de points de vue et d’expĂ©riences fascinante. D’abord conçues exclusivement pour le grand public, elles se sont enrichies ces derniĂšres dĂ©cennies d’approches parfois radicales venues de toute la planĂšte et de chefs-d’Ɠuvre aussi importants que les grands totems de la littĂ©rature ou du cinĂ©ma. Si elles prennent le pouls du monde avec une pertinence imparable, certaines sont encore mĂ©connues. Nous espĂ©rons avec ce dossier susciter dĂ©couvertes et curiositĂ©.
Joaquin Phoenix, joker sans fard

Joaquin Phoenix, joker sans fard

On craignait une star caractĂ©rielle, quittant l’interview Ă  la moindre question bĂȘte. Pourtant, c’est un Joaquin Phoenix cool et sincĂšre qui a Ă©voquĂ© son rĂŽle marquant dans la peau de l’éternel rival de Batman. Film de l’automne, le fascinant Joker raconte les blessures originelles et la mĂ©tamorphose en psychopathe de ce personnage brutal, qui va comme un gant Ă  cet habituĂ© des hĂ©ros dĂ©glinguĂ©s. Un personnage comme le Joker, faut-il l’aimer pour le jouer ? HonnĂȘtement, cela a Ă©tĂ© un dĂ©fi. Parfois, en lisant le scĂ©nario, je ressentais de la sympathie pour lui, Ă  d’autres moments, j’étais Ă©cƓurĂ© par son comportement. Aucun putain de sens. Il Ă©tait pathĂ©tique, chouineur. Ce que j’ai identifiĂ©, ce sont les traces de stress post-traumatique en lui. AttaquĂ© par des gamins au dĂ©but du film, il se met en mode statue, incapable de rĂ©pondre. Ce mec a subi des abus physiques durant son enfance. C’est difficile de ne pas avoir de l’empathie pour un homme qui a vĂ©cu ça. Ces choses-lĂ  vous changent le cerveau, concrĂštement. Cela a vraiment transformĂ© mon point de vue. Au dĂ©part, j’avais envie de l’envoyer se faire foutre. Vous ĂȘtes-vous renseignĂ© sur les troubles mentaux en prĂ©parant le rĂŽle ? J’ai regardĂ© des vidĂ©os et j’ai lu deux livres spĂ©cifiques. Je ne vais pas vous dire lesquels, pour ne pas mettre en avant les criminels dont ils parlent. L’hypothĂšse qui en ressort, c’est que les assassins Ă  motivation politique et les tueurs de masse possĂšdent des personnalitĂ©s proches. On apprend
Time Out rencontre Xavier Dolan

Time Out rencontre Xavier Dolan

Cette annĂ©e, Xavier Dolan fĂȘte ses trente ans de prĂ©sence sur Terre et dĂ©jĂ  ses dix ans de cinĂ©ma. Une boucle commencĂ©e en 2009 avec la solitude de J’ai tuĂ© ma mĂšre et qui s’achĂšve dans le tremblement collectif de Matthias et Maxime, son nouveau film, plongĂ©e Ă©mouvante dans la vie d’un groupe de potes doublĂ©e d’une comĂ©die romantique nouveau genre. Une Ɠuvre de transition, comme dit Dolan, et qui lui va bien au teint. Ce qu’on lui a immĂ©diatement fait remarquer quand il s’est assis face Ă  nous. Vous avez l’air heureux. Je le suis ! Matthias et Maxime est un film Ă©nergique, libre, loin d’Hollywood. DĂ©livré ? J’ai longtemps cherchĂ© l’approbation, la validation des autres, mais j’ai compris que je ne pouvais plus espĂ©rer ĂȘtre aimĂ© par tout le monde. Faire ce film, ainsi que les deux autres avant – Juste la fin du monde, Ma Vie avec John F. Donovan –, m’a affranchi de ce besoin d’acceptation. J’ai trouvĂ© auprĂšs de mes amis la seule validation dont j’ai besoin aujourd’hui. Ce long-mĂ©trage est d’ailleurs parti du dĂ©sir de raconter ma transformation au contact de nouvelles amitiĂ©s. Ma rencontre il y a quelques annĂ©es avec celles et ceux qui jouent dans Matthias et Maxime a Ă©tĂ© salvatrice.                                « Dans ma vie, j’ai passĂ© beaucoup de temps seul » Avant, vous n’aviez pas d’amis ? J’avais de trĂšs bons amis, mais je ne connaissais pas le sentiment de communautĂ©. Je ne l’ai connu qu’aprĂšs mes 25 ans. A l’adolescence, on se forge des amitiĂ©s. Ensuite, comme vous
Joaquin Phoenix: "En algunos momentos Joker me generaba empatĂ­a y en otros repulsiĂłn"

Joaquin Phoenix: "En algunos momentos Joker me generaba empatĂ­a y en otros repulsiĂłn"

La pelĂ­cula mĂĄs esperada del otoño, 'Joker', de Todd Phillips, explica cĂłmo un pobre cĂłmico fracasado se transforma en el psicĂłpata de Gotham que todos conocemos y tememos. Descubrimos a un Joaquin Phoenix agitado y terrorĂ­fico que ya se ha colocado en todas las quinielas de los Óscars. Nosotros hablamos. ÂżTe tiene que gustar un personaje como Joker para interpretarlo?Sinceramente, fue un reto. En algunos momentos, mientras leĂ­a el guion, me despertaba empatĂ­a. En otros, repulsiĂłn. No tenĂ­a ningĂșn sentido. Era patĂ©tico, estridente. AhĂ­ vi rastros de un desorden de estrĂ©s postraumĂĄtico. Cuando lo atacan los niños, al principio de la pelĂ­cula, se queda congelado como una estatua, es incapaz de responder. Cuando era pequeño abusaron fĂ­sicamente de Ă©l. Es difĂ­cil no sentir algĂșn tipo de compasiĂłn por alguien que ha pasado este trance. Algo asĂ­ te gira el cerebro, la manera de pensar. Esto hizo que cambiara mi modo de ver al personaje. Al principio, solo querĂ­a que se fuera a la mierda. ÂżCĂłmo te preparaste para el papel? ÂżEstudiaste trastornos mentales?Vi algunos vĂ­deos y leĂ­ dos libros en particular. No te dirĂ© cuĂĄles, porque no quiero que los criminales de los que hablan reciban mĂĄs atenciĂłn de la que merecen. La idea general era que los asesinos masivos tienen personalidades similares. Antes de 1963, aparentemente, habĂ­a dos categorĂ­as identificadas: los extremistas polĂ­ticos y los locos. DespuĂ©s los medios abrieron el espectro a muchas otras modalidades. Esto me parecĂ­a intere
Time Out meets Joker's Joaquin Phoenix

Time Out meets Joker's Joaquin Phoenix

The most anticipated film of the fall, Joker examines how a failed stand-up comedian and troubled loner morphs into the Gotham psychopath we all know and dread. The movie’s star, Joaquin Phoenix, unleashes a jittery, terrifying turn that’s already gathering Oscar buzz. The actor himself has a rep for being an occasionally tense sit-down—“Most of the time, I just try to get to the end of interviews,” he tells us, unpromisingly—but we caught him on a good day: direct, laid-back and eager to chat about his turn as the DC supervillain.  Do you need to like a character in order to play him?Frankly, this was a challenge. Sometimes, while reading the script, I felt sympathetic. Other times, I was repulsed. It made no fucking sense. He was pathetic, whiny. I saw traces of post-traumatic stress disorder in him. When Arthur is attacked by kids at the start of the movie, he freezes up like a statue, unable to respond. This guy was physically abused when he was a child. It’s difficult not to feel some empathy for someone who’s been through that. That sort of thing changes your brain, the way you think. But at the start, I wanted him to go fuck himself. Did you study mental health problems in any way? I watched some videos and read two books in particular. I’m not going to tell you which ones, as I don’t want to give the criminals they’re about more attention than they deserve. The general idea was that political assassins and mass murderers have similar personalities. On the one hand, Ar
Joaquin Phoenix: ‘I wanted the Joker to go f**k himself’

Joaquin Phoenix: ‘I wanted the Joker to go f**k himself’

The most anticipated film of the autumn, ‘Joker’ examines how failed stand-up Arthur Fleck morphed into the Gotham psychopath we all know and dread. Its star Joaquin Phoenix is the film’s beating heart in a jittery, terrifying turn that’s already gathering Oscar buzz. The man himself has a rep for being an occasionally scratchy interviewee – ‘Most of the time I just try to get to the end of interviews’, he tells me, unpromisingly – but the Phoenix I encounter is direct but laid-back, and eager to chat about his turn as the DC supervillain.  Do you have to like a character like the Joker to play him?‘Frankly, it was a challenge. Sometimes, while reading the script, I felt sympathetic, other times I was repulsed. Made no fucking sense. He was pathetic, whiny. I saw traces of post-traumatic stress disorder in him. When he’s attacked by kids at the start of the movie, he freezes up like a statue, unable to respond. This guy was physically abused when he was a child. It’s difficult not to feel some empathy for someone who’s been through that. That sort of thing changes your brain, the way you think. And it made me change how I see his character. At the start, I wanted him to go fuck himself.’  How did you prepare for the role? Did you study mental health problems in any way? ‘I watched some videos and read two books in particular. I’m not going to tell you which, as I don’t want to give the criminals they’re about more attention than they deserve. The general idea was that politic

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NausicaÀ de la vallée du vent

NausicaÀ de la vallée du vent

5 out of 5 stars
Le deuxiĂšme film d’Hayao Miyazaki est aussi le premier basĂ© sur l’un de ses scĂ©narios (il adapte son propre manga) et fait donc office de note d’intention majeure. Le rĂ©alisateur montre qu’il ne fait pas que raconter des histoires : il crĂ©e des mondes de toutes piĂšces. Le choc est total lorsque la petite communautĂ© agraire de l’hĂ©roĂŻne subit l’assaut d’une nation sans scrupule dans un univers postapocalyptique. Une forĂȘt toxique constitue l’autre menace. Princesse de sa vallĂ©e, NausicaĂ€ tente de redresser l’équilibre du monde. Comme la saga Star Wars, le film montre de quelle façon la perception singuliĂšre d’une personne peut influer sur les Ă©vĂ©nements. Dans cette profession de foi fĂ©minine et progressiste, Miyazaki plaide pour les efforts collectifs de l’humanitĂ© contre la tentation de la destruction. Une saga compassionnelle Ă  dĂ©couvrir absolument.
Le ChĂąteau dans le ciel

Le ChĂąteau dans le ciel

5 out of 5 stars
Dans cette premiĂšre production du Studio Ghibli (fondĂ© en 1985), Hayao Miyazaki fait preuve d’audace en imaginant une flotte de machines volantes vintage. Le film suit une jeune fille pleine de rĂȘves qui se demande si le cristal lumineux dont elle a hĂ©ritĂ© la mĂšnera jusqu’à la citĂ© volante lĂ©gendaire de Laputa – un emprunt du rĂ©alisateur aux Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Le plaisir intense des scĂšnes de poursuite et de combat en suspension reste aussi fort aujourd’hui, malgrĂ© les moyens technologiques rudimentaires dont disposaient les animateurs du studio japonais. Un fond Ă©cologique trĂšs contemporain sous-tend le film et le rend pertinent en 2020, mais c’est d’abord – et surtout – sa grande puissance d’imagination qui sĂ©duit. Le paysage de Laputa est de toute Ă©vidence le produit d’un visionnaire de gĂ©nie.
Carol

Carol

5 out of 5 stars
InspirĂ© d’un roman de jeunesse signĂ© Patricia Highsmith, le sixiĂšme long-mĂ©trage de Todd Haynes (Velvet Goldmine, Loin du paradis) se glisse dans les vies contrariĂ©es de deux femmes amoureuses dans les annĂ©es 1950. JouĂ©es par Cate Blanchett et Rooney Mara, elles se rencontrent dans un grand magasin new-yorkais oĂč l’une travaille comme vendeuse tandis que l’autre, mariĂ©e, vient y faire ses achats. Elles entament une relation timide et interdite : le monde contre leur bulle. Avec une dĂ©licatesse infinie, Haynes filme la naissance du dĂ©sir lesbien et sa rĂ©pression simultanĂ©e par les codes normatifs. Carol se dĂ©ploie alors comme un beau mĂ©lodrame et un grand film d’amour oĂč rien ne compte plus que deux mains ou deux bouches qui se frĂŽlent, oĂč les dĂ©tails des sentiments chuchotĂ©s s’incarnent avec fiĂšvre. On pense parfois Ă  In the Mood for Love de Wong Kar-wai, ce qui situe l’intensitĂ© de cette romance qu’on n’oublie pas.
Le Conte de la princesse Kaguya

Le Conte de la princesse Kaguya

5 out of 5 stars
Cette splendeur est le chant du cygne du grand rĂ©alisateur d’animation Isao Takahata, dĂ©cĂ©dĂ© en 2018. Le cofondateur du Studio Ghibli n’a jamais atteint la renommĂ©e internationale de son partenaire plus prolifique, et peut-ĂȘtre plus accessible, Hayao Miyazaki. Il n’en reste pas moins grand. Le Conte de la princesse Kaguya est un film dĂ©licat ancrĂ© dans le folklore japonais. On y dĂ©couvre une fille de paysans qui devient princesse et se construit une vie au palais impĂ©rial. MalgrĂ© ses sources mythologiques, le film ne s’appuie pas sur un univers de fantasy, prĂ©fĂ©rant un rĂ©cit simple aux couleurs pastel Ă©lĂ©gantes, oĂč s’invente une histoire d’amour saupoudrĂ©e de satire sociale. Le rĂ©cit dĂ©colle Ă  mi-parcours avec l’une des plus belles scĂšnes de tout le catalogue Ghibli. Nous ne sommes pas vraiment devant un film pour enfants. Le Conte de la princesse Kaguya demande patience et ouverture d’esprit, offrant en retour une mĂ©ditation douloureuse sur l’amour, le grand Ăąge et la dignitĂ© au moment de quitter ce monde. Des adieux Ă©mouvants.
Roma

Roma

5 out of 5 stars
Avec Gravity, le cinĂ©aste mexicain Alfonso Cuaron (connu Ă©galement pour le road trip Ă©rotique Y Tu MamĂĄ TambiĂ©n, le thriller dystopique Les Fils de l’homme et Le Prisonnier d’Azkaban, aka le meilleur Harry Potter) transformait un thriller de science-fiction Ă  grand spectacle en Ă©tude intime de personnage dans l’immensitĂ© de l’espace. Roma, sa merveille trĂšs personnelle en noir et blanc, passe Ă  l’inverse du micro au macro : tout commence par les dĂ©tails d’une vie, enchaĂźnant progressivement sur la rĂ©alitĂ© sociale et politique de Mexico dans les annĂ©es 70, dans le quartier mĂȘme oĂč le rĂ©alisateur a grandi. Construit par Cuaron comme une Ă©lĂ©gie sobre et sensible de son enfance auprĂšs de ClĂ©o, la domestique qui l’a Ă©levĂ©, Roma rejoint d’autres grands portraits de femme au cinĂ©ma comme Jeanne Dielman de Chantal Akerman, en nous plaçant au cƓur d’une expĂ©rience physique. En bref : un chef-d’Ɠuvre immersif, du cinĂ©ma pur. Et profondĂ©ment humain.
The Lost City of Z

The Lost City of Z

5 out of 5 stars
L’explorateur britannique Percy Fawcett s’est perdu dans la jungle amazonienne en 1925. Son histoire fascinante convoque tous les marqueurs du film d’aventures : trahisons, cannibalisme, tĂȘtes rĂ©duites et piranhas flippants. Dans les mains de l’éternel outsider hollywoodien James Gray (The Yards, Ad Astra), la quĂȘte de cet antihĂ©ros incarnĂ© par Charlie Hunnam est d’abord l’occasion de filmer une errance obsessionnelle et contemplative, en murmurant Ă  l’oreille d’un certain cinĂ©ma des annĂ©es 70 – Coppola, Werner Herzog. De Londres aux rives de l’AmĂ©rique du Sud, le film interroge nos ambitions intimes et leurs limites parfois mortelles. La grandeur de The Lost City of Z rĂ©side Ă  la fois dans son ambition et sa modestie, la maniĂšre dont James Gray croit Ă  la force Ă©pique du cinĂ©ma classique. Un bain de jouvence pour les yeux.  
Moonlight

Moonlight

5 out of 5 stars
Le premier miracle de Moonlight – et ce film crĂšve-cƓur en regorge – a lieu Ă  table. Le jeune Chiron, 10 ans, a Ă©tĂ© harcelĂ© dans la rue. Les deux adultes prĂ©sents Ă  ce dĂźner ne sont pas ses parents, mais ils trouvent les mots justes pour rĂ©pondre Ă  sa question : « Est-ce que je suis une tapette ? » Barry Jenkins explore des aspects peu vus de l’expĂ©rience afro-amĂ©ricaine avec une voix poĂ©tique et montre des aspects de Miami que l’on ne connaĂźt pas au cinĂ©ma. Mais ce qui ressort en premier dans le film tient Ă  sa maniĂšre radicale de scruter des turbulences sexuelles Ă©loignĂ©es des stĂ©rĂ©otypes. Dans le cadre des rĂ©cits gays, nous sommes loin de Brokeback Mountain, pour nous rapprocher de l’atmosphĂšre anxieuse et planante du gĂ©nie hip-hop Frank Ocean. Dans le film, Chiron grandit, devenant un adolescent hantĂ© par ses dĂ©sirs, puis un adulte tĂ©nĂ©breux dans la partie finale, peut-ĂȘtre la plus belle, lorsqu’il retrouve la compagnie d’un vieil ami. Le genre de film qui nous rappelle pourquoi on aime le cinĂ©ma.
Marriage Story

Marriage Story

5 out of 5 stars
Noah Baumbach commence son film de rupture sur une note de douceur, quand Nicole (Scarlett Johansson) et Charlie (Adam Driver) se remĂ©morent leurs jours heureux. Mais trĂšs vite, le ton change et le rĂ©alisateur de Frances Ha plonge dans l’anatomie d’un couple Ă  la maniĂšre de Bergman – ScĂšnes de la vie conjugale est l’un des modĂšles du film. Johansson, en comĂ©dienne insatisfaite, a rarement montrĂ© autant de douleur et de talent que dans ce film, tandis que Driver, qui joue un metteur en scĂšne brooklynien imbu de lui-mĂȘme, n’a jamais Ă©tĂ© aussi
 vicieux. Entre New York et Los Angeles, leur clash amer se dĂ©ploie dĂšs lors sans limites, comme une guerre de tranchĂ©es verbale animĂ©e par leurs avocats – jouĂ©s par les gĂ©niaux Alan Alda et Laura Dern. En grattant sous la surface des sentiments, Baumbach teinte d’universalitĂ© cette comĂ©die de caractĂšres trĂšs marquĂ©e socialement. Un film pour tenir compagnie Ă  toutes celles et ceux qui se sont sentis trahis par leurs propres espoirs.
Uncut Gems

Uncut Gems

5 out of 5 stars
Joshua et Benny Safdie ont renouvelĂ© le cinĂ©ma indĂ©pendant new-yorkais depuis une dĂ©cennie avec des films la plupart du temps tournĂ©s Ă  l’arrache avec peu de moyens. AprĂšs avoir donnĂ© Ă  Robert Pattinson un rĂŽle mĂ©morable dans Good Time, les trentenaires chics s’amourachent ici d’Adam Sandler, en le suivant frĂ©nĂ©tiquement et Ă  la trace tout au long du film. Son personnage dĂ©rangĂ© de vendeur de diamants passant une sale semaine (nous sommes en 2012) parvient Ă  Ă©mouvoir au milieu de chaos qui rythme son quotidien. Et rayon chaos, les frĂšres Safdie s’y connaissent et s’y sentent bien, saturant leur film de nĂ©ons et de bruits Ă©clatants, captant l’énergie d’une ville et le dĂ©sespoir d’une vie qui dĂ©rape. On peut trouver l’ensemble un peu chargĂ©, mais le travail du chef opĂ©rateur Darius Khondji (Seven, notamment) force le respect, tout comme la sincĂ©ritĂ© folle dĂ©ployĂ©e pour sublimer les artifices du cinĂ©ma. DerriĂšre ce portrait d’un type au bout du rouleau aux choix discutables, Josh et Benny Safdie nous parlent aussi d’eux-mĂȘmes et de leurs failles avec un certain courage. Bravo !
The Social Network

The Social Network

5 out of 5 stars
L’alliance entre la majestueuse tension visuelle de David Fincher (Fight Club, Zodiac) et le swing verbal fĂ©roce d’Aaron Sorkin (scĂ©nariste ultra-talentueux de la sĂ©rie A la Maison Blanche notamment) a donnĂ© naissance Ă  ce rĂ©cit dĂ©tonant sur les origines de Facebook. Soit la combinaison en un seul homme de la frustration postado, de l’esprit des grandes Ă©coles amĂ©ricaines et d’un sens gĂ©nial de la programmation informatique. Eisenberg excelle dans le rĂŽle de Mark Zuckerberg, le crĂ©ateur du rĂ©seau. Socialement mal Ă  l’aise, il se montre aussi constamment arrogant, sur la crĂȘte entre duretĂ© et fragilitĂ©, capable de baisser les yeux devant une fille puis de renvoyer Ă  ses Ă©tudes un concurrent trop faiblard pour lui. D’une prĂ©cision et d’une Ă©lĂ©gance rares, The Social Network se plaĂźt Ă  remuer le couteau dans la plaie de son icĂŽne souvent dĂ©testable, mettant en lumiĂšre une ironie : comment un homme aussi dĂ©connectĂ© a-t-il connectĂ© le monde au-delĂ  de l’imaginable ? Un grand film sur nos communications modernes, si proches et si lointaines.
True Grit

True Grit

4 out of 5 stars
AprĂšs les succĂšs de No Country for Old Men et A Serious Man, les frĂšres Coen laissent momentanĂ©ment de cĂŽtĂ© leur panoplie de grands « Auteurs » pour enfiler celle de maĂźtres artisans respectueux de leur art dans cette superbe adaptation d’un roman de Charles Portis, paru en 1968. Dans l’Ouest sauvage, une jeune femme nommĂ©e Mattie (Hailee Steinfeld) vient de perdre son pĂšre et veut venger sa mort. Elle s’allie Ă  un marshall dur Ă  cuire (Jeff Bridges) qui la prend sous son aile. Dans les paysages venteux d’un territoire indien, un souffle Ă©pique traverse le film alors que l’improbable duo apprend Ă  se connaĂźtre, bientĂŽt rejoint par un troisiĂšme larron (Matt Damon). Ce western itinĂ©rant est truffĂ© d’humour noir. MalgrĂ© les rĂ©alitĂ©s du danger et de la mort, quelque chose de doux se propage, comme un sentiment d’amour. L’un des films les plus simples et premier degrĂ© des frĂšres Coen. Et aussi l’un de leurs plus beaux.
There Will Be Blood

There Will Be Blood

5 out of 5 stars
Pour devenir l’un des cinĂ©astes les plus pertinents et talentueux des vingt derniĂšres annĂ©es, Paul Thomas Anderson a dĂ» dĂ©passer son statut de chroniqueur scorcesien de la vie dĂ©bauchĂ©e de Los Angeles pour explorer la crise de confiance du mĂąle amĂ©ricain. There Will Be Blood a opĂ©rĂ© ce tournant, dĂ©ployant la figure du malfrat sous les traits d’un baron du pĂ©trole. Le hĂ©ros, Daniel Plainview, s’y impose comme une version ultra-flippante de Daniel Day-Lewis, le genre de mec qui menace (dans une scĂšne cultissime) de terminer votre milk-shake avant de vous fracasser la tronche. Bien aidĂ©e par la musique de Jonny Greenwood de Radiohead (qui signe lĂ  son entrĂ©e dans la caste des grands compositeurs de ce siĂšcle), la saga Ă©pique de « PTA » dialogue Ă  travers les dĂ©cennies avec le cynisme de Chinatown (Polanski), son ancĂȘtre 70’s. Comme Phantom Thread l’a dĂ©montrĂ© en 2017, le rĂ©alisateur n’a pas perdu le sens de l’humour de ses dĂ©buts. Mais Ă  un moment, Anderson a eu besoin de s’affirmer en devenant sĂ©rieux. C’était le moment There Will Be Blood !

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Sofia Coppola dans les yeux de Priscilla Presley

Sofia Coppola dans les yeux de Priscilla Presley

Pour beaucoup, elle est celle qui a vĂ©cu dans l’ombre du King. Mais Priscilla Presley mĂ©ritait aussi que son histoire soit racontĂ©e, avec toute l’intensitĂ© et la dĂ©licatesse nĂ©cessaire, Ă  travers le regard d’une sƓur. VoilĂ  ce qui est passĂ© par l’esprit de Sofia Coppola en tombant il y a quelques annĂ©es sur le livre de mĂ©moires Elvis et moi, que Priscilla Presley, aujourd’hui ĂągĂ©e de 78 ans, avait publiĂ© en 1985. « Il traĂźnait chez moi et j’ai fini par le lire aprĂšs l’avoir longtemps ignorĂ© », nous raconte la rĂ©alisatrice de 52 ans. « J’ai Ă©tĂ© surprise par le cĂŽtĂ© intime mais aussi universel de l’histoire. Je connaissais trĂšs peu de choses sur Priscilla, alors que c’est une cĂ©lĂ©britĂ© dans la culture amĂ©ricaine. J’ignorais par exemple qu’elle avait vĂ©cu Ă  Graceland (la rĂ©sidence d’Elvis Presley Ă  Memphis, achetĂ©e par le chanteur en 1957, ndlr) alors qu’elle Ă©tait encore au lycĂ©e. Tout cela Ă©tait difficile Ă  croire et choquant. Elle en parle trĂšs bien dans son ouvrage. J’ai Ă©tĂ© aussi trĂšs attirĂ©e par l’univers visuel, ces annĂ©es 1960 ultra amĂ©ricaines que j’avais envie de retranscrire. » Priscilla est le huitiĂšme long-mĂ©trage de Sofia Coppola. Il y a presque un quart de siĂšcle, elle avait dĂ©butĂ© avec un teen movie planant, le superbe Virgin Suicides (1999), avant de construire une filmographie quasi obsessionnelle autour de personnages fĂ©minins souvent isolĂ©s, dĂ©phasĂ©s dans leur tour d’ivoire. Chez elle, l’ennui et la solitude apparaissent toujours sublimĂ©s. On se souvient auss