Vanessa Dezallé, boulangère militante
Derrière cette façade bleutée et ce nom sans fioriture – Pains – se cache une ambassade du minimalisme boulanger. Quelques douceurs sucrées présentées derrière le plexi, un comptoir comme maigre cloison entre le laboratoire et la boutique et, non loin du four, la mascotte des lieux, une massive armoire de bois, antique chambre de pousse où lèvent les pâtons.
© Hugo Sourdin
« Dans une boulangerie classique, les pains sont faits sur plusieurs jours », explique la patronne de Pains, Vanessa Dezallé. « La fermentation est ralentie au froid, à 4 ou 5 degrés, pendant 24 ou 48 heures. Chez nous, le pain du jour est commencé le matin même, sans passage par le froid, les bactéries et le levain se développent librement. On va obtenir une croûte plus fine et une mie plus dense. »
Merci pâtons
Vanessa Dezallé, 38 ans, incarne à merveille la néo-boulange qui brusque, petit à petit, le milieu du pain parisien. Elle régénère le métier en piochant dans des pratiques ancestrales et s’applique à ne pas dévoyer les mots-clés à la mode : monomanie du levain, pétrissage doux, farines anciennes. « Quand j’ai commencé en 2020, il était presque impossible d’apprendre à faire du pain au levain en stage à Paris, j’ai commencé avec de la levure, à travailler dans des chambres froides avec des farines pas toujours très bonnes. Insatisfaite, je suis retournée à la campagne dans le Minervois. J’ai trouvé un mentor, Stéphane Marrou, meunier et boulanger à Azillanet, près de Narbonne. Un vrai coup de foud