Une seule gorgée a suffi pour me convaincre.
Disons que c’est comme du zeste gorgé de soleil dans un verre. Je ne sais pas si c’était le froid arctique montréalais à l’extérieur ou la vague d’arômes nostalgiques, mais impossible de détacher mon nez de mon verre.
« J’adore ça. Et ça goûte quelque chose que je n’arrive pas tout à fait à identifier », ai-je murmuré à ma complice de table, Dalia Olivera de Resto Montréal. « Comme une eau de Cologne YSL. »
Nous étions attablées chez Molenne à l’occasion de la 13e édition de MTLàTABLE — une odyssée gastronomique de 18 jours réunissant plus de 150 restaurants montréalais, chacun proposant des menus à prix fixe de trois ou quatre services.
À quelques pas de Renzo, le nouveau comptoir à sandwichs ultra-populaire, et de Leila (l’adresse d’inspiration méditerranéenne du Sud dont tout le monde parle), Molenne est niché au cœur du Mile End. Son nom joue d’ailleurs avec la prononciation française de « Mile End », comme un clin d’œil à son quartier iconique.
(Et ce n’est sans doute pas un hasard si le Plateau-Mont-Royal et son enclave du Mile End ont été classés parmi les quartiers les plus cool au monde cette année.)
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Alors que nous arrivions au point final de notre dîner signature Air Canada — un parcours en cinq services débutant par un plateau de fruits de mer spectaculaire et se concluant par un gâteau au fromage basque au fromage Louis Cyr affiné deux ans — un cocktail saisissant, baptisé Le Elias, a été déposé devant nous.
Et son parfum était somptueux.
Nizar Baz, le barman de Molenne, orchestre une véritable expérience sensorielle où le cocktail et le dessert se répondent, jouant sur l’équilibre des textures et des saveurs.
« Je sais ce que c’est », m’a soufflé Dalia après une autre gorgée. « C’est Acqua di Parma. »
Je replonge le nez dans le verre et hoche la tête, visualisant instantanément le flacon couleur clémentine de la Colonia Eau de Parfum d’Acqua di Parma.
L’incarnation même du chic italien.
Dans le verre, les notes de raisin et de figue s’entrelacent, tandis que la gentiane — mariée à l’acidité de la lambic à la rhubarbe — apporte structure et amertume terreuse, venant trancher la richesse du gâteau au fromage.
Pour souligner l’agrume du dessert, Le Elias est finalisé par une expression d’huile de feuille d’oranger. La dolce vita, tout simplement.
On sait qu’un cocktail est spécial quand on y pense encore le lendemain.
Puis le surlendemain.
Et quand je suis tombée par hasard sur une table entièrement dédiée à Acqua di Parma à L’espace Holt (la boutique éphémère exclusive de Holt Renfrew, au dernier étage) en me rendant au Marcus Night Bar plus tard dans la semaine, j’ai su que l’univers m’envoyait un signe.
La Colonia Eau de Parfum vit un moment.
Et Molenne aussi.
Comment préparer le cocktail Le Elias de Molenne
Recette :
30 ml de Samos Muscat — vin blanc fortifié grec
10 ml de teinture de figue
10 ml de De Michellot — liqueur de gentiane
40 ml de lambic à la rhubarbe
4 gouttes de solution saline
Garniture :
Zeste de citron
Expression d’huile de feuille d’oranger
Méthode :
Mélanger brièvement les ingrédients dans un verre old fashioned, juste assez pour les refroidir sans dilution.
Servir sur un gros glaçon clair avec un zeste d’agrume, puis terminer par une expression d’huile de feuille d’oranger.
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